Rapport de 2019 sur les recherches du Dr Kaminsky
Études cliniques
En janvier 2019, nous avons commencé un contrat de 6 mois avec le ministère de la Défense nationale. Notre objectif était de trouver un identifiant biologique (une biosignature) du trouble de stress post-traumatique, et plus particulièrement du sous-type dissociatif du TSPT.
Après avoir recruté un groupe de 32 anciens militaires canadiens, nous avons généré un algorithme (un modèle de classification) qui permet de prédire le TSPT ainsi que le sous-type dissociatif du TSPT chez une personne. Voici les résultats que nous avons obtenus :
- Algorithme prédisant le TSPT : précision de 96 %
- Algorithme prédisant le sous-type dissociatif du TSPT : précision de 91 %
Pendant l’été, nous avons réussi à obtenir un contrat d’un million de dollars qui nous permet de poursuivre nos travaux. En associant notre algorithme (modèle de classification) avec d’autres mesures longitudinales, nous espérons générer un modèle capable de prédire les résultats à long terme.
Analyses épigénomiques
L’épigénome est constitué de composés chimiques et de protéines et il s’attache à l’ADN. Il peut manipuler des fonctions et agir directement sur les cellules, par exemple en activant ou désactivant des gènes, ou en contrôlant la production de protéines dans des cellules particulières.
Nous avons mené la plus grande étude d’association à l’échelle de l’épigénome sur les troubles liés à la consommation d’alcool réalisée à ce jour, en examinant plus de 600 personnes et en associant nos résultats à des données d’imagerie cérébrale et à des mesures de l’axe HHS, c’est à dire l’axe d’interaction entre l’hypothalamus, l’hypophyse et les glandes surrénales. Cet axe joue un rôle important dans la réaction de l’organisme au stress.
Cette étude nous a permis d’identifier une association dans un gène qui a des répercussions sur la fonction de l’axe HHS. Nous avons rédigé un article à ce sujet, qui est en cours de révision par la revue Molecular Psychiatry, et nous avons bon espoir qu’il sera publié. Nous espérons aussi publier cette année un article sur le biomarqueur associé au suicide que nous avons trouvé dans ce groupe.
Activités de publication
En plus de l’article mentionné ci-dessus, nous avons publié une étude dans laquelle nous reproduisons nos biomarqueurs de la dépression postpartum dans deux autres cohortes. Cet article est sous presse dans le Journal of Psychiatric Research.
Le développement de l’intelligence artificielle dans les réseaux sociaux
En utilisant notre outil d’intelligence artificielle (IA) pour les réseaux sociaux, nous avons mis au point un algorithme qui permet non seulement d’évaluer le risque d’idées suicidaires chez une personne, mais aussi à quel moment elle présente ce risque, en fonction de ce qu’elle écrit sur Twitter. En évaluant le score d’une personne d’après le rapport d’IA, nous pouvons déterminer la probabilité qu’elle ait des pensées suicidaires dans les 5 prochains jours.
Nous avons également mis au point une méthode pour adapter notre outil afin d’effectuer une évaluation régionale du risque de suicide. Cette méthode n’exige que l’analyse d’environ deux semaines de données pour générer ces mesures, par rapport à l’analyse d’une année entière de données par l’actuel système d’IA à la fine pointe de la technologie. Ainsi, nous envisageons une méthode qui permettrait d’évaluer le risque de suicide à l’échelle de la région d’Ottawa et d’orienter les ressources de prévention vers des zones particulières.
Surtout, cet outil nous permettra aussi d’évaluer les répercussions de cette démarche en temps quasi réel, afin de pouvoir adapter et optimiser nos méthodes.
Cliquez ici pour écouter l'interview du Dr Kaminsky avec CTV, pendant Bell Let’s Talk.
Prévention du suicide Ottawa (PSO)
Je suis membre du comité directeur de Prévention du suicide Ottawa (PSO) depuis environ un an et demi et, cette année, j’ai également assumé la fonction de président inaugural du comité de recherche et d’échange de connaissances de PSO. Dans le cadre de ce comité, nous travaillons à élaborer une ressource permettant aux chercheurs en prévention du suicide de la région d’obtenir l’appui de PSO en échange d’une évaluation et de l’intégration de sa mission, de ses valeurs et de son programme dans leurs recherches.
Je dirige actuellement la création d’une ressource appelée « People With Experience Lived and Living » (People WELL). Il s’agit d’un groupe de travail composé de personnes ayant une expérience vécue de la maladie mentale avec lesquelles les chercheurs de la région pourront interagir et travailler. L’objectif est d’entendre la voix de ces personnes et de faire contribuer le groupe à la création et à l’élaboration conjointe de projets de recherche davantage orientés sur les clients.