Par le passé, on considérait que le cœur réagissait constamment aux « ordres » envoyés par le cerveau sous forme de signaux neuronaux, mais de récentes recherches suggèrent que le cœur envoie en fait plus de signaux au cerveau que l’inverse.
Nous savons que la communication entre le cœur et le cerveau est un dialogue dynamique, continu et bidirectionnel, puisque chaque organe influence continuellement la fonction de l’autre, mais il est essentiel de comprendre aussi ce qui se passe lorsque le cœur ou le cerveau ne fonctionne pas comme il se doit.
Lorsque le lien entre ces deux organes vasculaires est atteint, la santé mentale et la santé cardiovasculaire peuvent toutes deux être affectées.
Par exemple, une colère ou un chagrin intense peut multiplier par cinq le risque de crise cardiaque et par trois le risque d’accident vasculaire cérébral.
Environ un tiers des personnes qui font une crise cardiaque présenteront une dépression par la suite, et les personnes atteintes à la fois de maladie du cœur et de dépression ou d’anxiété meurent environ 17 ans plus tôt que celles qui sont en bonne santé mentale.
On a également constaté que les personnes atteintes d’un trouble de stress post-traumatique présentent un taux plus élevé de problèmes cardiaques que l’ensemble de la population. De plus, de récentes recherches ont révélé une forte corrélation entre les troubles du sommeil et les anomalies de la fréquence cardiaque.
Compte tenu des données probantes à l’appui de ce lien complexe, il est nécessaire de poursuivre les recherches dans ce domaine pour mieux comprendre l’interaction entre santé mentale et santé cardiovasculaire, ainsi que pour améliorer le diagnostic et le traitement des patients atteints de comorbidités.
L’Institut de recherche en santé mentale (IRSM) du Royal et l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa mènent une étude de recherche conjointe de cinq ans dont l’objectif est de comprendre le lien complexe qui existe entre le cerveau et le cœur, en vue d’améliorer les résultats pour les patients.
Le but du Registre de l’étude sur le cerveau et le cœur est d’inscrire un grand nombre de patients du Royal et de l’Institut de cardiologie au registre afin de commencer à comprendre l’interaction entre la santé mentale et la santé cardiovasculaire.
Dans le cadre de cette étude, les chercheurs utilisent l’imagerie cardiaque et cérébrale à l’aide de l’appareil de TEP-IRM du Centre d’imagerie cérébrale du Royal, une technologie d’imagerie hybride qui permet d’obtenir des images précises et simultanées des deux organes.
Étant donné que de nombreux patients atteints de troubles psychiatriques présentent souvent des troubles du sommeil, les personnes qui sont dirigées vers le laboratoire du sommeil du Royal et qui acceptent de participer au Registre de l’étude sur le cerveau et le cœur font également l’objet d’un suivi.
Beaucoup de récentes percées médicales proviennent d’études effectuées à l’aide de grands ensembles de données (« mégadonnées » ou « big data »), et cette étude de recherche conjointe a le potentiel d’améliorer le diagnostic et le traitement tant des patients atteints d’une maladie cardiovasculaire que d’un trouble psychiatrique.