Nous vous présentons Katie Vandeloo, lauréate de 2019 des Bourses de recherche de l’IRSM aux étudiants diplômés
Image
Il y a bien longtemps, Katie Vandeloo rêvait d’aller à l’école de médecine, jusqu’à qu’elle soit mordue par le « virus de la recherche » comme elle dit.
Mme Vandeloo, une étudiante en première année de maîtrise à l’Université d’Ottawa, est l’une des lauréates de 2019 des Bourses de recherche de l’IRSM aux étudiants diplômés. Ce prix est décerné chaque année pour récompenser les meilleurs étudiants de l’Institut de recherche en santé mentale (IRSM) du Royal dont les travaux sont axés sur la dépression.
Mme Vandeloo a été reconnue pour ses recherches sur les fondements biologiques de la dépression et du suicide.
« On m’a interrogée sur la difficulté de travailler sur des sujets aussi sensibles. Bien qu’il soit difficile de voir des gens souffrir d’une maladie mentale, c’est incroyablement gratifiant de voir ces mêmes personnes s’en sortir et décrire à nouveau la vie comme étant belle », a déclaré Mme Vandeloo lors d’un événement spécial qui a eu lieu au Royal en novembre.
C’est son amour des sciences qui a amené Mme Vandeloo de la petite ville de Lindsay, en Ontario, jusqu’à l’Université Carleton (en fait, elle vient d’une petite ville en périphérie d’une autre petite ville, située à proximité de Peterborough). Elle a étudié les neurosciences et la santé mentale à l’Université Carleton, où elle a obtenu un baccalauréat spécialisé en neurosciences et en psychologie. Mme Vandeloo attribue à l’une de ses professeures, la Dre Kim Hellemans, le mérite d’avoir éveillé sa passion pour la recherche.
« Elle était tout simplement fantastique et m’a fait prendre conscience à quel point la science était incroyable, et les neurosciences en particulier », raconte Mme Vandeloo. « À la fin de son cours, j’ai eu l’impression que quelque chose avait changé. »
Dans le cadre de ses études, Mme Vandeloo a également fait un stage à l’Université McGill, où elle a examiné les anomalies de la substance blanche dans le cerveau de personnes qui se sont suicidées.
Elle se passionne pour la recherche dans le domaine des neurosciences et de la neuroimagerie, ainsi que pour les découvertes qui restent à faire en santé mentale.
« J’ai l’impression que c’est un domaine tellement nouveau. Je peux découvrir des choses qui n’existent pas encore. J’ai l’impression que ce que je fais contribue aux connaissances qui transforment la médecine, ce qui est fantastique. »
Mme Vandeloo étudie des personnes qui présentent une dépression réfractaire aux traitements, c’est-à-dire les gens qui n’ont pas répondu à deux antidépresseurs différents et qui ont différents antécédents de pensées suicidaires.
Comment et pourquoi le cerveau des personnes atteintes de dépression réfractaire aux traitements est-il différent des autres? Il s’agit là d’une question à laquelle nous n’avons pas encore été en mesure de donner une réponse complète.
« Nous sommes très en retard pour ce qui est de comprendre la santé mentale sur le plan biologique. Toutefois, malgré cela, nos technologies sont aujourd’hui beaucoup plus avancées », explique-t-elle.
Les techniques avancées de neuroimagerie permettent d’examiner la fonction et la structure du cerveau des personnes atteintes de dépression pour voir en quoi elles sont différentes. Mme Vandeloo s’est également penchée sur les scintigraphies cérébrales de sujets en bonne santé afin de caractériser un spectre et d’examiner ce qui est unique chez les personnes qui sont atteintes de dépression et qui ont des idées ou comportements suicidaires.
Des chercheurs comme Mme Vandeloo tentent de découvrir ces différences biologiques sous-jacentes afin de mieux comprendre la dépression et les autres maladies mentales, dans l’espoir que ces recherches déboucheront sur de meilleurs traitements, adaptés aux particularités de chaque patient.
« Nous n’avons pas vraiment de médicaments personnalisés en santé mentale à l’heure actuelle », remarque-t-elle. « Les gens qui sont atteints de dépression – et j’ai moi-même des proches et des amis qui ont vécu exactement la même chose – consultent un médecin et commencent à prendre un médicament, mais il s’agit en fait d’un traitement "standard". »
Mme Vandeloo souligne que les médicaments pour traiter la dépression peuvent avoir des effets secondaires inquiétants, comme l’aggravation des pensées suicidaires. De plus, si le médicament ne fonctionne pas, le patient doit passer par une « période de sevrage », puis en essayer une autre. C’est un cycle qui prend habituellement de quatre à six semaines, et selon Mme Vandeloo, il peut s’écouler de six à neuf mois avant qu’une personne ne trouve le médicament qui lui convient « à peu près ». Le patient doit donc traverser une longue période de dépression et d’effets secondaires, mais Mme Vandeloo a bon espoir que les nouvelles technologies – et les compétences nécessaires pour l’utiliser – permettront de faire progresser ce domaine.
Elle prévoit utiliser les fonds de la bourse pour se rendre à l’Université Harvard en 2020 afin d’apprendre à analyser les données de l’imagerie par tenseur de diffusion (ou DTI, une technique d’IRM qui permet d’examiner la substance blanche dans le cerveau). Son but est de rapporter ces connaissances au Royal et de les partager avec ses collègues.
« Ce prix me permet de continuer à étudier des choses qui sont si importantes pour moi, ce qui est incroyablement précieux, mais aussi pour la communauté d’Ottawa », dit-elle.
La Dre Jennifer Phillips, chercheuse associée à l’Unité de recherche sur les troubles de l’humeur de l’Institut de recherche en santé mentale (IRSM) du Royal, supervise le travail de Katie Vandeloo depuis le début de sa quatrième année d’études de premier cycle. Mme Vandeloo est également supervisée par le Dr Pierre Blier, qui est directeur de l’Unité de recherche sur les troubles de l’humeur à l’IRSM.