Pour certains clients du Royal, le volley-ball est bien plus qu’un sport; il fait partie de leur rétablissement.
Justine Brophy, récréothérapeute au Royal, anime un groupe de volley-ball hebdomadaire dans le cadre de son travail avec les clients du Programme intégré de traitement de la schizophrénie.
Le groupe de volley-ball, qui est l’un des plus anciens groupes thérapeutiques du Centre de santé mentale Royal Ottawa, comprend des participants issus des programmes pour clients hospitalisés et ambulatoires, ce qui est unique par rapport à la plupart des groupes thérapeutiques. (Mme Brophy remarque que ce mélange donne aux clients hospitalisés un précieux aperçu de ce à quoi peut ressembler le rétablissement.)
En fin de compte, pour ce groupe, le volley-ball est bien plus qu’un simple jeu. Pour les participants, il s’agit d’un rappel important que la schizophrénie ne doit pas définir leur vie.
« Participer à ce genre d’activité leur donne de l’espoir et leur montre ce dont ils sont capables », déclare Mme Brophy.
Des programmes tels que le groupe de volley-ball contribuent grandement à développer un sentiment d’accomplissement et de fierté.
Comme c’est désormais la tradition, le groupe de volley-ball a participé au festival HOPE Volleyball SummerFest au début de l’année.
Mme Brophy pense que la participation du groupe à ce tournoi aide à briser la stigmatisation qui entoure la schizophrénie.
La schizophrénie est un trouble mental complexe qui touche environ 1 % de la population canadienne. Il est estimé que 12 000 personnes sont atteintes de schizophrénie dans la région d’Ottawa seulement.
Il s’agit d’une maladie chronique qui apparaît généralement à la fin de l’adolescence ou au début de l’âge adulte.
Les personnes atteintes de schizophrénie sont souvent confrontées à des difficultés qui affectent leur capacité de fonctionner au sein de la communauté. Les symptômes comprennent des idées délirantes, des hallucinations et une désorganisation de la pensée, ce qui peut rendre difficile l’établissement de liens avec les autres.
La stigmatisation affecte profondément les personnes vivant avec la schizophrénie, affectant non seulement la façon dont les autres les perçoivent, mais aussi la façon dont elles se perçoivent elles-mêmes. Beaucoup intériorisent des stéréotypes négatifs, ce qui peut détruire leur estime de soi et saboter leur volonté de participer à des activités sociales.
« La schizophrénie est très mal comprise et, bien que les symptômes de cette maladie soient parfois difficiles à comprendre, c’est en offrant des possibilités de loisirs permettant de développer un sentiment d’identité que le rétablissement peut réellement commencer », explique Mme Brophy.
Selon elle, les personnes atteintes de schizophrénie veulent et méritent d’avoir les mêmes possibilités que tout le monde et souhaitent s’engager auprès de leur communauté, établir des relations sociales et mener une vie remplie de loisirs auxquels elles peuvent s’adonner en toute autonomie. Mme Brophy ajoute que la véritable valeur de ce groupe de volley-ball est qu’il crée un sentiment d’appartenance.
Pourtant, personne n’avait prévu que ce groupe de volley-ball deviendrait une communauté de soutien aussi soudée.
« La schizophrénie est une maladie qui isole énormément », explique Mme Brophy. « Le groupe de volley-ball permet aux clients de rencontrer d’autres personnes, de travailler à l’acquisition de différentes compétences comme l’exercice physique, le mieux-être mental et la régulation des émotions. Surtout, c’est un espace où l’individualité peut vraiment s’exprimer. »
« Ce que j’admire chez ce groupe de personnes, c’est que même si elles sont proches ici, au Royal, elles le sont tout autant, si ce n’est plus, en dehors de l’hôpital. C’est comme une famille. Le soutien que ces clients s’apportent les uns aux autres est ce que l’on espère voir chez tous les clients. »
Tom a rejoint le groupe de volley-ball en 2015, alors qu'il était hospitalisé au Royal, sans jamais avoir pratiqué ce sport auparavant. La première fois qu’il a mis les pieds sur le terrain, il a découvert une nouvelle activité amusante et un moyen d’entrer en contact avec des personnes qui sont rapidement devenues des amis proches.
« Nous aimons nous moquer les uns des autres. Nous sommes toujours en train de nous taquiner sur le terrain », explique Tom. « C’est un environnement amusant, très sûr, sans jugement, et nous nous soutenons les uns les autres.
Cela m’a beaucoup aidé sur le plan de la santé mentale. Sans le volley, je m’ennuierais et je me sentirais seul. »
Tom et ses amis volleyeurs (dont Louisa, affectueusement surnommée « le pot de colle » qui les soude les uns aux autres) se réunissent souvent pour partager un repas et jouer aux cartes. Louisa organise des sorties et n’oublie jamais de fêter les anniversaires de chacun.
Grâce au groupe de volley-ball, Tom a trouvé des amis qui lui permettent de se sentir moins seul. Mais il veut surtout que les gens sachent que tout le monde peut se construire une vie sociale épanouie; il suffit de trouver des activités que l’on aime faire.
« Il y a de l’espoir pour les personnes atteintes de problèmes de santé mentale ou de maladie mentale », affirme Tom.