Et si la clé d’un traitement plus efficace pour la dépression résidait dans quelque chose d’aussi simple que de bouger son corps?
Les chercheurs du Royal commencent à découvrir comment l’activité physique peut stimuler une thérapie de pointe appelée stimulation magnétique transcrânienne répétitive (rTMS) chez les personnes ayant reçu un diagnostic de dépression réfractaire aux traitements.
À la Clinique de recherche en neuromodulation du Royal, la plupart des personnes atteintes de dépression réfractaire aux traitements – mais pas toutes – répondent positivement au traitement par rTMS et à une nouvelle variante appelée stimulation par rafales thêta. La rTMS stimule directement un circuit cérébral spécifique en produisant une impulsion magnétique brève et indolore délivrée par une bobine placée sur le cuir chevelu. Ce traitement ne nécessite aucune intervention chirurgicale effractive ni de médicament, et n’a que peu d’effets secondaires.
La Dre Sara Tremblay, chercheuse à l’Institut de recherche en santé mentale (IRSM) de l’Université d’Ottawa au Royal, et le Dr Arthur Chavez, neuroscientifique et physiologiste de l’exercice, étaient curieux de savoir pourquoi certaines personnes réagissaient au traitement de stimulation par rafales thêta alors que d’autres non.
Ils ont analysé les données de 43 clients atteints de dépression réfractaire aux traitements qui ont reçu un traitement de stimulation par rafales thêta à la clinique et ont constaté que les personnes qui étaient physiquement actives avant de commencer le traitement présentaient une réduction plus importante de leurs symptômes de dépression que les participants qui ne pratiquaient pas d’activité physique.
La Dre Tremblay, l’un des auteurs d’un article publié dans le Journal of Affective Disorders, qualifie ces résultats de « remarquables ».
« Nous savons que l’exercice est bon pour le cerveau. Nous nous attendions à un effet, mais lorsque nous avons vu la différence, c’était presque irréel de voir à quel point cela aidait les clients », explique la Dre Tremblay.
Bien que les effets positifs de l’exercice sur la santé du cerveau soient bien documentés, l’équipe a été surprise de constater à quel point l’activité physique influençait la réactivité au traitement. En général, 60 à 70 % des personnes qui suivent un traitement de stimulation par rafales thêta réagissent positivement, mais lorsque l’équipe a examiné les données de plus près, elle a découvert que les personnes qui avaient suivi un tel traitement et qui avaient un régime de conditionnement physique comprenant la course à pied, le vélo, la marche et des séances d’entraînement en salle de sport avaient un taux de réponse plus élevé. En fait, 86 % des clients qui ont suivi le traitement et faisaient de l’exercice avaient un score de dépression plus faible après leur traitement de stimulation par rafales thêta.
Selon le Dr Chaves, ces résultats sont prometteurs, mais il reste encore beaucoup à apprendre. Heureusement, l’équipe a maintenant l’occasion de faire avancer ses recherches. En tant que bénéficiaire d’une subvention du concours du Fonds de recherche médicale universitaire (FRMU) de cette année, l’équipe sera en mesure d’approfondir son étude des effets de l’exercice sur le traitement de stimulation par rafales thêta.
Le concours de subventions du FRMU est rendu possible grâce aux contributions des Associés en psychiatrie du Royal. Il a été établi pour encourager des études de pointe multidisciplinaires et interdisciplinaires au Royal.
« La recherche est la clé qui permet d’ouvrir de nouvelles possibilités pour les personnes atteintes d’une maladie mentale réfractaire aux traitements. Au Royal, nous nous engageons à examiner des approches novatrices qui offrent de l’espoir là où les thérapies traditionnelles ont échoué », déclare la Dre Florence Dzierszinski, présidente de l’IRSM et vice-présidente de la recherche au Royal. « Chaque découverte nous rapproche de traitements plus efficaces et, en fin de compte, d’une meilleure qualité de vie pour nos clients et leur famille. »
Dans le cadre de la phase de recherche financée par le FRMU, l’équipe de chercheurs recrutera des personnes atteintes de dépression réfractaire aux traitements qui ne pratiquant pas d’activité physique. Au cours de la première phase, l’équipe travaillera avec les participants à l’élaboration de leur programme d’exercice personnalisé avant de commencer le traitement de stimulation par rafales thêta. Les participants feront de l’exercice trois fois par semaine pendant quatre semaines pour « préparer » leur cerveau au traitement. Au cours de la deuxième phase, les participants recevront le traitement de stimulation par rafales thêta pendant six semaines, tout en continuant à faire de l’exercice trois fois par semaine.
Cette étude de recherche tentera de répondre aux questions concernant les effets de l’exercice aérobique modéré à vigoureux combiné au traitement de stimulation par rafales thêta sur les symptômes, ainsi que les taux de réponse et de rémission. Elle examinera aussi comment l’exercice et le traitement de stimulation par rafales thêta affectent l’activité cérébrale et le flux sanguin dans le cerveau.
Dans le cadre de son travail à la Clinique de recherche en neuromodulation, la Dre Tremblay a cherché des moyens de rendre le traitement par rTMS plus efficace pour les personnes atteintes de dépression réfractaire aux traitements, par exemple en utilisant l’imagerie cérébrale avancée pour cibler le traitement. Bien que ces méthodes soient prometteuses, il existe un besoin urgent de trouver des approches plus simples et plus abordables qui peuvent être mises en œuvre au quotidien, comme l’exercice physique.
Cependant, l’un des défis dans ce domaine de recherche est que les personnes qui ont reçu un diagnostic de dépression présentent souvent des symptômes de démotivation, de fatigue et de manque d’énergie, ce qui rend difficile la pratique d’une activité physique régulière. C’est pourquoi l’équipe de recherche étudie les moyens de rendre l’activité physique plus facile à entreprendre pour les personnes qui suivent un traitement de stimulation par rafales thêta. L’un de ses objectifs est de trouver des stratégies pratiques pour rendre l’exercice accessible et agréable, car si les clients y prennent du plaisir, ils sont plus susceptibles de le pratiquer régulièrement.
Un suivi à plus long terme des participants à l’étude révélera si les plans de remise en forme personnalisés ont été efficaces et si le fait de pratiquer une activité physique régulière permet de maintenir les effets du traitement par rTMS.
« Si l’exercice est la clé, cela pourrait faire une différence dans la trajectoire des gens », indique la Dre Tremblay. « Peut-être que cela permettrait aussi de maintenir l’effet de la rTMS. Nous pensons que si l’exercice aide le cerveau à répondre au traitement, il pourrait en maintenir l’effet plus longtemps. C’est l’un des autres défis qui nous attendent. Maintenant que nous savons que la rTMS fonctionne, comment pouvons-nous la faire fonctionner plus longtemps pour que les gens n’aient pas à revenir nous voir? »