Les liens qui nous unissent : faire des « câlins de poche » pour la santé mentale et le mieux-être

Tout le monde a besoin d’un câlin. C’est l’idée derrière une initiative bienveillante de fabrication et de distribution de « câlins de poche », qui est née au sein du Programme intégré de traitement et de rétablissement de la schizophrénie au Royal.

Les câlins de poche sont des cœurs crochetés par les clients et distribués à toute personne qui en a besoin : d’autres clients, des membres de leur famille, le personnel et les bénévoles. De la taille d’une pièce de monnaie, ces cœurs symboliques rappellent à la personne qui le reçoit qu’elle n’est pas seule. 

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Holding a "pocket hug" - a crocheted heart-shaped token

Il s’agit d’un projet simple mais qui a d’importantes répercussions, car le fait de se réunir pour les fabriquer peut être tout aussi puissant que d’en tenir un dans sa main. 

Erica Tripp, infirmière auxiliaire autorisée qui travaille principalement dans le cadre du Programme intégré de traitement et rétablissement de la schizophrénie du Royal, a découvert les câlins de poche dans une maison de retraite de sa ville natale de Kemptville. Elle en a rapporté quelques-uns pour les montrer à ses clients du Royal. 

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Members of a group at The Royal who crochet "pocket hugs" for others
Erica Tripp (à droit) est une infirmière auxiliaire autorisée qui dirige un groupe de clients du Programme intégré de traitement et rétablissement de la schizophrénie au Royal pour fabriquer et distribuer des câlins de poche. Le groupe a été interrompu l’été dernier, mais il revient ce mois-ci. Laurel (à gauche) est membre du groupe.

« Ils les ont tous adorés. Ils étaient ravis », se souvient Mme Tripp. 

« C’est un câlin pour ceux qui en ont besoin, et qui n’a pas besoin d’un câlin? », déclare Melissa McFadden, responsable des services de soins aux patients au Programme de traitement de la schizophrénie. « Ces petits cœurs rappellent aux gens qu’ils sont spéciaux, que quelqu’un veut communiquer avec eux, qu’on ne les oublie pas. » 

Mme Tripp a trouvé un modèle et coordonné les dons de fournitures. La fabrication des câlins de poche est ainsi rapidement devenue une activité pour un groupe thérapeutique du programme appelé « Recovery Cares ».

Certains clients savaient déjà crocheter, tandis que d’autres ont appris à le faire auprès de leurs pairs ou de Mme Tripp. De plus, certains ont participé à découper et fixer les étiquettes des cœurs, ainsi qu’à la décoration de boîtes destinées à la distribution de câlins de poche.
« Tout le monde a eu la possibilité de participer d’une manière ou d’une autre, même ceux qui ne savaient pas crocheter », explique Mme Tripp. 

Des centaines de cœurs de poche ont été fabriqués et distribués jusqu’à présent. 

La schizophrénie est un trouble mental complexe qui touche environ 1 % de la population canadienne. Il est estimé que dans la région d’Ottawa seulement, environ 12 000 personnes sont atteintes de schizophrénie. Il s’agit d’une maladie chronique qui apparaît généralement à la fin de l’adolescence ou au début de l’âge adulte.

Les personnes atteintes de schizophrénie sont souvent confrontées à des difficultés qui affectent leur capacité de fonctionner au sein de la communauté. Les symptômes comprennent des hallucinations, des idées délirantes, une pensée désorganisée, la perte d’intérêt pour les activités quotidiennes et le retrait social. Bien qu’il n’existe pas de remède, les symptômes peuvent être gérés avec un traitement approprié.

L’objectif du Programme intégré de traitement et rétablissement de la schizophrénie est de préparer les clients à vivre dans la communauté de manière aussi indépendante que possible, tout en comprenant que le parcours de rétablissement est unique pour chaque personne. 

« Des activités comme le tricot et le crochet ajoutent une modalité thérapeutique différente », explique Mme McFadden. « C’est une activité tactile, mais aussi créative, et le mouvement répétitif aide vraiment à lutter contre l’anxiété. »

La fabrication des câlins de poche est à la fois une activité sociale et une forme de mini-méditation, qui favorise un sentiment d’accomplissement et un état de fluidité qui fait du bien : les distractions et les inquiétudes disparaissent et sont remplacées par le plaisir calme de fabriquer quelque chose de ses mains.

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Pocket hugs, crocheted by a group at The Royal

Cela donne également l’occasion aux clients de rendre service à leur communauté, ce qui contribue à leur mieux-être. Qu’il s’agisse d’aider les autres avec le modèle ou de recruter de nouveaux membres, le groupe contribue à un sentiment d’utilité qui est si important dans le processus de rétablissement.

« C’est un travail qui a du sens, et c’est vraiment ce que nous faisons ici, en essayant de donner du sens à ces moments pendant que nos clients se rétablissent, nous les aidons à voir leur valeur et ce qu’ils peuvent apporter à leur communauté », explique Mme McFadden.

« Vous pouvez voir certains de nos clients s’épanouir et s’illuminer lorsqu’ils aident les autres. Ils tirent une grande fierté du fait de savoir que ce qu’ils ont créé est partagé avec d’autres et que cela fait une différence dans leur vie. » 

Les câlins de poche ont d’abord été distribués dans une poignée d’unités de soins ambulatoires du Centre de santé mentale Royal Ottawa et à la Clinique régionale de psychose de la famille Ozerdinc Grimes avenue City Centre, mais Mme Tripp et Mme McFadden aimeraient étendre la distribution à d’autres secteurs de l’organisation afin d’inspirer d’autres personnes à se réunir et à crocheter des câlins de poche.

« C’est quelque chose de si petit, mais qui a un impact énorme. Il y a tellement d’obstacles pour cette population, la marginalisation et la stigmatisation de la maladie mentale, que cela les rassemble, cela nous rassemble », déclare Mme McFadden.