Julia est née et a grandi à Ottawa, avec sa sœur jumelle Lauren et ses deux frères. Malgré une enfance apparemment normale, le parcours de maladie mentale de Julia a commencé lorsqu’elle était très jeune.
En effet, dès l’âge de six ou sept ans, Julia a remarqué que quelque chose était différent chez elle. Elle avait souvent des accès de colère incontrôlables, elle jetait des objets et donnait des coups de pied par frustration. « J’avais tellement de colère en moi », se souvient-elle. « J’étais très consciente de ce qui se passait autour de moi, probablement plus qu’un enfant normal. J’avais beaucoup d’émotions. »
Même entourée d’une famille aimante, les luttes internes de Julia lui donnaient souvent l’impression d’être isolée. « Même quand ma famille était là, à mes côtés, je me sentais complètement seule », dit-elle. À l’école, elle subissait beaucoup d’intimidation, ce qui a intensifié son sentiment d’aliénation et d’isolement. La charge émotionnelle est devenue si écrasante qu’elle ne pouvait plus aller à l’école régulièrement. Le monde de Julia s’est rétréci, sa colère et sa dépression ont atteint des sommets, et elle était continuellement hantée par des questions comme « Pourquoi moi ? ». Les symptômes précoces d’anxiété et de dépression de Julia sont une triste réalité pour la majorité des personnes malades, puisque 70 % des personnes atteintes de maladie mentale voient leurs symptômes apparaître avant l’âge de 18 ans.
Arrivée à l’école secondaire, Julia pensait qu’elle avait peut-être franchi un cap; surtout en 9ème et 10ème années, où elle a connu des moments de soulagement et d’espoir : « La neuvième année a été très amusante », se souvient-elle. « De nouveaux amis et de nouvelles expériences m’ont permis de prendre un nouveau départ et d’écrire un nouveau chapitre. » Mais lorsque Julia est entrée en 11ème année, ses symptômes se sont aggravés. Des symptômes physiques tels qu’un essoufflement ainsi que des nausées graves et persistantes ont commencé à apparaître, révélant des problèmes plus profonds. Elle était tellement anxieuse et effrayée par l’intimidation qu’elle subissait qu’elle ne pouvait plus aller à l’école sans être physiquement malade. Elle a finalement reçu un diagnostic de trouble panique en plus de l’anxiété et de la dépression.
« J’ai beaucoup pensé au suicide. Beaucoup plus que je ne veux l’admettre. »
Julia se sentait comme une passagère dans sa propre vie – ses pairs et sa sœur vivaient des expériences « d’adolescente normale », ne se préoccupant que des garçons et de leurs devoirs, alors qu’elle se retrouvait seule au fond d’un trou profond et sombre, sans aucun espoir de s’en sortir. « J’avais l’impression de marcher dans les couloirs, d’être une extraterrestre et de voir tous les autres me regarder », raconte Julia. L’obscurité est devenue omniprésente. « Je ne pouvais plus bouger physiquement. Je ne pouvais plus rien faire. Ma dépression était plus forte que ma volonté. Je ne voulais plus vivre. » Julia croyait vraiment que la seule façon de sortir de son désespoir était de mettre fin à ses jours – un sentiment tragique partagé par beaucoup trop de gens, le suicide étant la deuxième cause de décès chez les jeunes au Canada.
Julia est arrivée au Royal à l’âge de 17 ans. « J’ai eu très peur de venir ici », reconnaît-elle. « Le simple fait de franchir la porte pour la première fois était une étape très importante. J’ai su à ce moment-là que ma vie était sur le point de changer. »
Julia a été initiée à la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), une approche thérapeutique qu’elle n’avait jamais essayée auparavant. La TCC est une thérapie axée sur les objectifs, qui se concentre sur l’identification et la remise en question des schémas de pensée négatifs, en entraînant le cerveau à aborder les situations avec une perspective plus équilibrée. « Cela m’a appris à ne pas toujours penser au pire scénario, ce qui a vraiment aidée à soulager mon anxiété », explique Julia. « Lentement, j’ai commencé à entrevoir une lueur d’espoir. Je n’étais plus coincée. Ce n’était pas la fin. » L’expérience de Julia avec la TCC lui a donné les outils nécessaires pour surmonter les émotions accablantes qui la handicapaient auparavant, y compris sa grave agoraphobie (la peur excessive des lieux publics ou de certaines situations) quand elle prenait les transports en commun ou se trouvait dans de grandes foules.
« Pour la première fois de ma vie, j’ai le sentiment d’avoir une raison d’être. Je contrôle ma vie. »
Aujourd’hui, la vie de Julia est très différente. Elle continue d’utiliser les outils et les systèmes de soutien qu’elle a acquis dans le cadre de sa thérapie, mais elle a retrouvé confiance en elle et se sent investie d’une mission. « Je veux être la meilleure version de Julia pour ma famille », dit-elle. « J’ai l’impression d’être enfin là où je dois être. »
Son parcours n’a pas été facile, et il y a eu des moments où elle a pensé qu’abandonner était sa seule option. Mais l’histoire de Julia souligne l’importance de faire le premier pas, même lorsque cela semble impossible. « Le fait de demander de l’aide a été la chose la plus effrayante que j’aie jamais faite », se souvient-elle. « Mais cela m’a sauvé la vie. » Pourtant, son parcours vers le mieux-être n’a pas été linéaire et a exigé un travail constant, mais maintenant qu’elle dispose des bons outils, Julia se sent beaucoup plus en paix.
Elle obtiendra bientôt son diplôme du Collège Algonquin et commencera sa carrière dans les relations publiques – une étape qu’elle n'aurait jamais cru possible avant de venir au Royal. Avec le soutien, les outils et la persévérance nécessaires, il est possible de trouver la lumière même dans les moments les plus sombres, comme l’a fait Julia.
L’histoire et l’issue de Julia ont finalement été positives, mais elle aurait pu choisir une autre alternative dévastatrice. Une alternative qui coûte la vie à 12 Canadiens chaque jour. Le suicide fait des ravages chez les jeunes au Canada, et le taux de suicide souligne le besoin critique de faire avancer la recherche de pointe en matière de prévention du suicide. Apprenez-en plus sur la façon dont le Royal œuvre pour nous rapprocher d’un avenir sans suicide [seulement en anglais].