Nos expériences de la culture, de l’identité sexuelle et des autres déterminants sociaux de la santé peuvent être à la fois des sources de vulnérabilité et de résilience.
C’est particulièrement vrai pour les groupes culturellement marginalisés au Canada, comme les membres des Premières nations, qui font souvent face à des défis uniques et disproportionnés en matière de santé mentale.
Grâce à la recherche, il est devenu de plus en plus évident que les questions examinées depuis longtemps dans le domaine scientifique au sujet de « l’inné et l’acquis » et « les gènes et l’environnement » présentent en fait une fausse opposition. Les chercheurs commencent à comprendre comment la biologie peut être modifiée par les expériences, et que la culture joue également un rôle à cet égard.
Des études récentes ont montré que les gens peuvent avoir des réactions biologiques à la discrimination. Il a même été prouvé que les expériences de vie des générations précédentes peuvent activer ou désactiver les gènes, ce qui a une incidence sur les réactions aux défis de vie ultérieurs et sur l’état de santé mentale.
Les enfants et petits-enfants des survivants des pensionnats autochtones, par exemple, affichent un taux plus élevé d’idées suicidaires et de tentatives de suicide. Cela semble indiquer que les effets d’un stress et de traumatismes importants peuvent se transmettre d'une génération à l’autre. En parallèle, les expériences intergénérationnelles peuvent favoriser la résilience des enfants, car ils apprennent à tirer parti de leurs forces collectives et à forger leur volonté de surmonter les obstacles qu’ils rencontrent.
Il est donc essentiel d’examiner le rôle que joue la culture dans la santé mentale et la résilience, afin d'élaborer et de personnaliser les traitements et les stratégies de santé mentale qui peuvent aider à prévenir ou à atténuer la souffrance, à réduire les inégalités en matière de santé et à améliorer les résultats pour les groupes marginalisés.
Nous n’aidons personne en allant dans une communauté et en supposant que nous savons ce qu’il y a de mieux. Notre travail donne l’occasion de créer de nouveaux liens, d’écouter et d’apprendre comment nous pouvons réellement aider, puis d’exploiter les forces de la communauté et l’action collective pour apporter des changements qui aideront les groupes défavorisés. - Dre Kim Matheson
Les travaux effectués par l’Unité de recherche en santé mentale, culture et genre de l’IRSM portent sur certains des déterminants sociaux de la santé, en particulier chez les populations marginalisées.
En 2017, l’IRSM et l’Université Carleton ont annoncé un nouveau partenariat, la Chaire de recherche en santé mentale sur la culture et le genre, détenue par la Dre Kim Matheson.
En tant que titulaire de cette chaire de recherche, la Dre Matheson travaille principalement avec les collectivités des Premières nations du nord-ouest de l’Ontario pour déterminer et mettre en œuvre des stratégies communautaires afin de promouvoir la santé mentale des jeunes et jouer un rôle préventif pour réduire l’automutilation, la toxicomanie et les décès par suicide.
En 2018, la Dre McQuaid a intégré l’unité de recherche en tant que chercheuse récipiendaire d’une subvention du programme incubateur Innovateurs émergents de la recherche en santé mentale (i-ERSm). Ses recherches portent sur les répercussions du stress et des traumatismes sur la santé mentale, en se concentrant tout particulièrement sur la culture et le genre.
Grâce à des recherches spécialisées, à des collaborations avec des organismes et des chercheurs autochtones et non autochtones ainsi qu’à des partenariats avec des collectivités des Premières nations, la Dre Matheson et la Dre McQuaid établissent de nouvelles données probantes et créent de nouvelles possibilités en vue d’accroître la sensibilisation aux problèmes de santé mentale des communautés mal desservies et de transformer efficacement des vies.
L’élaboration en collaboration d’approches d’intervention en matière de mieux-être adaptées aux expériences uniques des peuples des Premières nations;
L’identification des facteurs de risque et de résilience qui influencent la santé mentale et le mieux-être des jeunes des Premières nations;
L’étude des différences entre les sexes dans le lien entre la consommation de cannabis et les symptômes de santé mentale chez les étudiants universitaires de première année;
La caractérisation des biotypes distincts du stress périphérique et des marqueurs inflammatoires corrélés aux symptômes de dépression, d’anxiété et de comportements suicidaires, et comment ceux-ci diffèrent selon le sexe;
L’étude des différences cérébrales éventuelles entre les hommes et les femmes pour mieux comprendre les troubles de santé mentale depuis la perspective du genre.