Une table ronde sur la dépendance aux opiacés

L’épidémie de consommation d’opiacés est un problème de santé publique urgent et tragique, qui fait des milliers de victimes chaque année au Canada et entraîne de grandes souffrances chez les familles et collectivités de tout le pays. Le 30 novembre, le Forum des politiques publiques a tenu une table ronde pour faire avancer les discussions stratégiques sur les plans de traitement et de rétablissement pour la dépendance aux opiacés.

Joanne Bezzubetz, présidente et chef de la direction du Royal, a animé la table ronde. La Dre Kim Corace, directrice des programmes cliniques et de la recherche au Programme de traitement de la toxicomanie et des troubles concomitants du Royal, a également pris la parole à cette occasion.

Des fournisseurs de soins de santé de première ligne de divers milieux, des travailleurs de soutien par les pairs, des représentants du gouvernement fédéral, de groupes autochtones, des affaires publiques et de fournisseurs d’assurance, ainsi que des particuliers et leurs proches qui ont vécu une dépendance et des porte-paroles du système de soins de santé, ont assisté à cette table ronde organisée sur invitation seulement.

Le Forum des politiques publiques est un groupe de réflexion non partisan qui « rassemble différents participants au processus d’élaboration des politiques et leur offre une tribune pour examiner des questions et apporter de nouveaux points de vue et de nouvelles idées dans le débat sur les politiques ».

Points clés de la discussion :

  • La dépendance aux opiacés n’est pas une crise unique. Elle représente de nombreux défis qui se chevauchent. 
    • La dépendance est en fin de compte une maladie du désespoir. Aux États-Unis, le nombre de suicides a augmenté de 30 % au cours des dix dernières années, et de nombreuses surdoses d’opiacés sont en fait des suicides. Il faut envisager cette question comme une problème connexe.
    • L’épidémie de consommation d’opiacés découle en partie de la façon dont nous traitons la douleur – et il s’agit d’une question dans laquelle interviennent les responsables des politiques, les fournisseurs de soins de santé et les assureurs.
    • Les décès liés aux opiacés sont souvent dus à des opiacés contaminés.
    • La majorité des consommateurs d’opiacés sont de jeunes hommes, et ces données ne sont pas suffisamment analysées.
  • Souvent, le traitement n’est pas disponible rapidement pour les personnes qui en ont besoin. Nous devons accroître la disponibilité des médicaments pour les toxicomanes, comme dans les cliniques du Royal, pour que les gens puissent obtenir rapidement de l’aide lorsqu’ils sont prêts à affronter leurs problèmes de toxicomanie.
  • Le plus grand risque se pose lorsque les gens consomment des opiacés seuls. La stigmatisation et la criminalisation jouent toutes deux un rôle dans cette situation.
  • Les sites de consommation supervisée sont un élément clé de la réduction des risques, et ils s’avèrent également d’importantes voies d’accès au traitement.
  • Le rétablissement peut prendre plusieurs formes. Cela ne signifie pas toujours l’abstinence. Tout le monde ne peut pas arrêter complètement de consommer, mais tout le monde a le potentiel d’avoir une vie meilleure.
  • Les fournisseurs de soins de santé travaillent dans un système fragmenté. Il faut une plus grande collaboration intersectorielle et entre les organismes pour assurer un accès équitable à tous les traitements fondés sur des données probantes, à l’échelle du système et dans l’ensemble du pays.
  • Il y a peu de services destinés aux jeunes, et il s’agit d’un réel problème puisque c’est une population à risque élevé. Le Service régional d’intervention en dépendance aux opiacés du Royal a démontré que les services adaptés aux jeunes fonctionnent bien – il faut donc en faire plus dans ce domaine.
  • Il faut former un plus grand nombre de fournisseurs de soins de santé au traitement de la toxicomanie. De nombreux médecins, par exemple, ne se sentent pas à l’aise de prescrire des médicaments pour favoriser le rétablissement de la dépendance aux opiacés. Ces obstacles réduisent l’accès à l’aide.
  • Beaucoup d’Autochtones ne peuvent pas faire confiance au système. Ils font souvent face à un manque d’accès aux traitements en raison de la distance et du coût, du manque de soins culturellement appropriés et sécuritaires et du manque d’accès à la prise en charge non pharmaceutique de la douleur. Chez cette population, la consommation d’alcool et d’autres drogues ne représente qu’une infime partie de plus vastes problèmes, dont le manque général d’accès à des soins appropriés et de grande qualité.
  • La criminalisation en vigueur de la dépendance aux opiacés accroît les risques. Elle rend les gens plus enclins à consommer seuls. Elle décourage la communication numérique entourant la consommation d’opiacés et augmente le risque de contamination des opiacés. De plus, cela renforce la stigmatisation, ce qui empêche les gens d’obtenir de l’aide.
  • Il faut davantage se concentrer sur la prévention, en particulier chez les jeunes. L’amélioration du bien-être et de la résilience chez les jeunes, en particulier ceux qui sont identifiés comme étant à risque de dépendance, est un moyen éprouvé de réduire les risques. Pourtant, il n’y a pas d’investissement dans ce domaine actuellement.
  • L’espoir vient des personnes qui ont vécu une expérience de dépendance et de rétablissement.

Le Forum des politiques publiques publiera sous peu un rapport complet, y compris les principales recommandations découlant de cette discussion. Ce rapport sera distribué aux décideurs aux niveaux fédéral et provincial.