Une nouvelle recherche sur l’insomnie : la science-fiction devenue réalité

La Dre Rébecca Robillard a reçu une Bourse de nouveaux chercheurs afin d’appuyer son étude de recherche sur un traitement unique et non effractif pour l’insomnie qui fait penser à quelque chose que l’on verrait dans un film de science-fiction.

Le Programme de bourses pour nouveaux chercheurs est un programme de subventions très compétitif qui aide les chercheurs exceptionnels en début de carrière dans les établissements de recherche publics de l’Ontario à constituer leurs équipes de recherche.

Image
Dre Rébecca Robillard
La Dre Rébecca Robillard a reçu une Bourse de nouveaux chercheurs afin d’appuyer son étude de recherche sur un traitement unique et non effractif pour l’insomnie. Le projet « Monitoring biological features of insomnia to inform a targeted intervention for deep sleep » examinera les effets de la stimulation auditive sur les personnes qui dorment bien et sur celles atteintes d’insomnie.

L’étude de la Dre Robillard, intitulée « Monitoring biological features of insomnia to inform a targeted intervention for deep sleep » (« Surveillance des caractéristiques biologiques de l’insomnie en vue d’une intervention ciblée sur le sommeil profond »), examinera les effets de la stimulation auditive sur les personnes qui dorment bien et sur celles atteintes d’insomnie.

Bien que cela puisse sembler contre-intuitif, de récentes recherches ont montré qu’un son particulier diffusé pendant le sommeil profond pouvait stimuler ce dernier.

La Dre Robillard, qui est chercheuse principale de l’Unité de recherche clinique sur le sommeil de l’Institut de recherche en santé mentale de l’Université d’Ottawa au Royal, ainsi que coprésidente du Consortium canadien sur le sommeil, explique qu’une bonne nuit de sommeil n’est pas seulement une question de quantité, c’est-à-dire combien de temps nous dormons, mais aussi de qualité. 

Notre corps passe par plusieurs cycles de sommeil pendant que nous dormons. Chaque cycle dure généralement environ 90 minutes et comprend plusieurs stades allant du sommeil léger au sommeil profond.

« Tous les stades du sommeil sont utiles, mais le sommeil profond est particulièrement important pour le fonctionnement du cerveau et la restauration du corps », explique-t-elle.

Un manque de sommeil profond nous donne une sensation de fatigue, même lorsque nous avons dormi une nuit complète. 

On estime que les personnes atteintes d’un trouble de l’insomnie dorment 20 minutes de moins de sommeil profond (également appelé sommeil lent) par nuit que les bons dormeurs. 

Le sommeil profond survient au troisième stade du sommeil à mouvements oculaires non rapides (NREM). Au cours de ce stade, l’activité cérébrale se manifeste sous la forme de grandes ondes lentes appelées ondes delta. Ces ondes lentes sont au cœur du sommeil profond.

La recherche a montré que l’écoute de très brèves périodes de bruit rose (un son similaire au bruit blanc) pendant qu’une personne est au stade de sommeil profond – juste assez fort pour que le cerveau le détecte – peut augmenter le nombre d’ondes lentes pendant le sommeil profond si le son est programmé au moment où les ondes lentes s’accélèrent.

 « Tous les stades du sommeil sont utiles, mais le sommeil profond est particulièrement important pour le fonctionnement du cerveau et la restauration du corps ». - Dre Rébecca Robillard

La Dre Robillard explique : « Au lieu d’avoir une ou deux ondes lentes, vous aurez plusieurs ondes qui suivront ce son. En envoyant le son à ce moment précis, nous pourrions être en mesure de stimuler le sommeil profond. C’est de la science-fiction devenue réalité ». 

La Dre Robillard et son équipe espèrent démontrer les effets de la stimulation auditive sur les ondes lentes et reproduire les résultats chez les personnes qui ont des troubles du sommeil.

Bien qu’il soit encore tôt, elle est enthousiaste et pense que cette recherche pourrait conduire à la mise au point d’une technologie portable qui pourrait être utilisée à la maison.

« [Avec le Consortium canadien sur le sommeil], nous nous lançons dans une mission qui vise à démocratiser les interventions sur le sommeil et à trouver des moyens de traduire la recherche en soins », indique la Dre Robillard, qui ajoute qu’il existe un besoin crucial de traitements du sommeil accessibles et non pharmaceutiques.

Les interruptions de nos cycles de sommeil, comme lorsque nous avons un sommeil fragmenté ou un temps de sommeil total insuffisant, peuvent entraîner une fatigue pendant la journée, une altération des fonctions cognitives, une humeur maussade et un risque accru de maladies chroniques. De plus, il existe une corrélation entre les troubles du sommeil et les problèmes de santé mentale.

L’insomnie est un trouble du sommeil persistant et débilitant, caractérisé par une difficulté à initier ou à maintenir le sommeil au moins trois nuits par semaine pendant trois mois ou plus.

La Dre Robillard estime qu’une personne sur trois présentera des symptômes d’insomnie à un moment donné au cours de sa vie et que le nombre de personnes atteintes d’un trouble de l’insomnie a augmenté au cours de la dernière décennie, touchant désormais environ 17 % de la population.

« Le sommeil est un élément fondamental de notre santé et des recherches supplémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre l’insomnie, ses causes, ses traitements efficaces et ses effets à long terme sur la santé globale et le bien-être mental », déclare la Dre Florence Dzierszinski, présidente de l’IRSM et vice-présidente de la recherche au Royal. « En poursuivant les recherches, nous pourrons mettre au point des interventions innovantes et personnalisées pour améliorer la qualité de vie des personnes atteintes d’insomnie. »

Cliquez ici pour en savoir plus sur la recherche sur le sommeil et la santé mentale au Royal.