La Dre Gayatri Saraf, clinicienne-chercheuse à L’Hôpital d’Ottawa et nouvelle titulaire d’une chaire de recherche junior, est enthousiaste de collaborer au cours de la prochaine année avec les équipes du Royal et de l’Université d’Ottawa sur des projets de recherche portant sur le trouble bipolaire, et plus particulièrement sur la dépression associée au trouble bipolaire.
La chaire de recherche junior est un partenariat entre L’Hôpital d’Ottawa, le Département de psychiatrie de l’Université d’Ottawa et l’Institut de recherche en santé mentale (IRSM) de l’Université d’Ottawa au Royal. Il s’agit d’un prestigieux poste généralement attribué à des chercheurs en début de carrière dont les travaux dans leur domaine d’étude privilégié se sont montrés très prometteurs. Cette année, la chaire de recherche junior a été attribuée pour la première fois par ce groupe de partenaires.
Pour la Dre Saraf, la recherche et les soins sont mutuellement bénéfiques. En tant que clinicienne active, elle fournit des soins fondés sur des données probantes aux personnes ayant reçu un diagnostic de trouble bipolaire. Les questions que se posent ces personnes et les problèmes auxquels elles sont confrontées sont au cœur des questions de recherche de la Dre Saraf. Elle espère que ses recherches contribueront à améliorer le mieux-être et la qualité de vie de ces personnes.
Cette chaire de recherche est un coup de pouce significatif, et qui arrive au bon moment. La Dre Saraf estime qu’il reste encore beaucoup à faire en matière de recherche sur le trouble bipolaire.
« C’est un domaine entièrement nouveau – il y a tellement de choses à faire qui n’ont pas encore été faites et qui sont encore en cours d’étude », explique-t-elle.
Le trouble bipolaire, anciennement connu sous le nom de maladie maniaco-dépressive, est un trouble de santé mentale caractérisé par de graves sautes d’humeur entre des périodes intenses de « hauts » (manie ou hypomanie) et de « bas » (dépression).
Selon la Société canadienne de psychologie, 2,2 % des Canadiens et Canadiennes pourraient être atteints d’un trouble bipolaire à un moment donné de leur vie. Ce trouble apparaît généralement à la fin de l’adolescence ou au début de l’âge adulte, mais il peut aussi se manifester dès l’enfance.
« Certaines personnes atteintes d’un trouble bipolaire finissent par s’en sortir, mais beaucoup n’y parviennent pas, et il y a un réel risque de réhospitalisation et de suicide », précise la Dre Saraf. « Le risque de réhospitalisation et de suicide est élevé. La souffrance est immense, non seulement pour ces personnes, mais aussi pour leurs amis et leur famille. »
L’un des défis persistants en matière de traitement est que les médicaments sont efficaces pour certaines personnes atteintes d’une maladie donnée, mais pas pour toutes celles qui sont atteintes de la même maladie. Pour certaines personnes, les médicaments ne fonctionnent pas du tout, sans que l’on comprenne bien pourquoi.
La Dre Saraf a déjà étudié le rôle de l’inflammation cérébrale dans le trouble bipolaire. Elle est enthousiaste à l’idée d’exploiter les ressources du Centre d’imagerie cérébrale du Royal et est reconnaissante de l’occasion qui lui est donnée de collaborer avec les experts du Centre. L’une des questions auxquelles elle tente de répondre avec les chercheurs du Royal concerne la densité des neurones dans le cerveau et les effets de cette densité sur la gravité du trouble bipolaire. L’équipe est à la recherche de preuves montrant que certains traitements sont efficaces parce qu’ils augmentent la densité des neurones, une découverte qui pourrait ouvrir la voie vers la mise au point de nouveaux traitements.
« Nous utilisons l’appareil de TEP-IRM pour étudier les changements dans le cerveau. C’est extraordinaire, parce que cela nous permettra de savoir comment ces traitements agissent d’un point de vue mécanique, car nous ne savons pas encore exactement comment ils agissent », explique la Dre Saraf.
Elle examine également les thérapies alternatives, qui constituent un aspect important des soins de santé mentale car elles peuvent compléter les traitements conventionnels, tels que les médicaments et la psychothérapie, et répondre aux besoins de diverses populations.
En outre, l’un des domaines d’intérêt de la Dre Saraf est l’étude des répercussions du régime alimentaire et de la nutrition sur le trouble bipolaire. Elle a récemment reçu une bourse de l’Institut de recherche sur le cerveau de l’Université d’Ottawa et s’apprête dans les mois à venir à étudier les effets d’une alimentation limitée dans le temps, une forme de jeûne intermittent, sur la dépression bipolaire.
Surtout, la Dre Saraf est optimiste quant à l’avenir : « C’est une période formidable et passionnante pour les chercheurs en santé mentale ».
Elle souligne que la recherche sur la santé mentale n’a traditionnellement pas été financée au même niveau que d’autres domaines, mais que de récentes innovations commencent à changer la donne.
« Avec l’apparition de nouvelles technologies et de nouvelles méthodes d’imagerie cérébrale, nous commençons à découvrir les mystères du cerveau, ce qui n’était pas possible auparavant. »