« Tout comportement a un but », affirme Nick Feltz, un thérapeute du comportement au Programme de gérontopsychiatrie du Royal. En tant que membre de l’équipe mobile du Service de soutien comportemental du Royal, M. Feltz passe ses journées dans divers foyers de soins de longue durée d’Ottawa. Son travail consiste à aider les patients atteints de démence qui présentent des comportements réactifs, comme par exemple crier, attraper ou frapper les autres, ou encore s’égarer.
M. Feltz ainsi que Nancy Lesiuk, qui est gestionnaire des Services de soins aux patients pour le Service de soutien comportemental du Royal dans la région de Champlain, ont récemment présenté une séance d’information publique sur la démence et la thérapie comportementale dans le cadre des « Dialogues
au Royal ».
« Chaque comportement cherche à atteindre quelque chose », explique M. Feltz. « Mais il y a généralement d’autres moyens d’atteindre le même but. En tant que thérapeutes du comportement, nous cherchons ces autres moyens afin d’établir un plan de soutien individualisé. »
La thérapie comportementale est une nouvelle discipline dans le domaine des soins aux personnes atteintes de démence au Canada, et ses résultats sont très prometteurs en ce qui concerne les comportements réactifs chez les personnes âgées dans les foyers de soins de longue durée.
« La thérapie comportementale consiste à aborder les gens en comprenant qui ils sont et à prendre en compte la personne de manière globale, plutôt que de simplement lui imposer quelque chose », explique Mme Lesiuk.
Lorsqu’une personne âgée atteinte de démence qui vit dans un foyer de soins de longue durée présente un comportement réactif, les membres de l’équipe mobile du Service de soutien comportemental du Royal travaillent en vue de déterminer les facteurs qui entrent en jeu dans ce comportement réactif et ce qui va bien lorsque ces comportements ne se produisent pas – ce qui est sans doute encore plus important.
Les thérapeutes du comportement considèrent que chaque comportement est une réponse à l’environnement d’une personne, ils commencent donc par analyser cet environnement. Un autre aspect important de la solution est de comprendre comment le patient se comportait avant l’apparition de la démence – quels étaient ses intérêts et comment il vivait. Ces informations peuvent être utiles pour déterminer comment réconforter la personne et la faire participer à son nouvel environnement.
« La thérapie comportementale consiste à aborder les gens en comprenant qui ils sont et à prendre en compte la personne de manière globale, plutôt que de simplement lui imposer quelque chose. » À partir de cette compréhension, un plan peut être élaboré pour aider le personnel des soins de longue durée à atténuer les comportements réactifs d’une personne. Dans de nombreux cas, les thérapeutes du comportement peuvent offrir une solution non pharmacologique pour régler les comportements réactifs tout en améliorant, ou du moins en maintenant, la qualité de vie d’un résident en soins de longue durée.
Il a été démontré que la thérapie comportementale est efficace dans le traitement de la démence pour réduire le syndrome d’accumulation, les vocalisations, les comportements physiquement et verbalement réactifs, l’agitation et l’errance. Elle peut aussi aider à préserver les capacités actuelles d’une personne, comme la participation à des activités, la communication et la continence.
Le Programme de thérapie comportementale du Royal offre un soutien et des services dans les 61 foyers de soins de longue durée du RLISS Champlain, qui comptent environ 7 500 lits, et offre notamment son expertise à la nouvelle unité spécialisée en soutien comportemental du Centre de santé Perley et Rideau pour anciens combattants.
« Nous favorisons une culture de collaboration. Tous ensemble, nous formons un cercle de soins pour le résident, et nous travaillons pour l’aider à obtenir le meilleur résultat possible », ajoute Mme Lesiuk.
L’éducation est un élément clé du Service de soutien comportemental – que ce soit de manière formelle, ou dans le cadre de discussions informelles avec le personnel des soins de longue durée. L’éducation permet de renforcer les capacités des services de soins de longue durée en aidant les membres du personnel à acquérir les compétences qui les aideront à l’avenir, quel que soit leur rôle. En 2017-2018, l’équipe mobile de soutien comportemental a offert 1 095 séances de formation, auxquelles ont assisté 4 500 personnes travaillant dans des foyers de soins de longue durée, dans la collectivité et dans des maisons de retraite.
Voici l’approche adoptée par les thérapeutes du comportement pour effectuer leur travail :
- L’examen de cas. Quel est le comportement problématique? Pourquoi un résident a-t-il besoin de nous?
- Des questionnaires et entrevues avec le patient, les membres de sa famille, ses soignants et toute autre personne qui peut donner de l’information permettant d’avoir un portrait plus détaillé du résident et de sa situation. Cela comprend se renseigner sur les valeurs, la culture et les préférences de la personne.
- L’observation directe des comportements.
- L’analyse et l’examen des résultats à l’aide de tableaux et de graphiques.
- Des recommandations pour prévenir ou réorienter le comportement en modifiant l’environnement de la personne. Par exemple :
- Un changement de routine. Peut-être que le premier service de repas est plus achalandé, et donc chaotique, et qu’il vaudrait mieux que la personne mange pendant le second service.
- Un changement d’approche. Cela signifie déterminer les préférences ou les intérêts d’une personne et les accommoder (par ex. : permettre à quelqu’un qui était un passionné de jardinage de passer du temps auprès de fleurs ou d’autres plantes).
- Des ressources spécifiques. Il se peut que la personne ait besoin d’une sonnette d’appel modifiée, d’une aide à la communication ou de la mise en place d’indices particuliers dans son environnement, comme des écriteaux.