Gabrielle Eyahpaise avait 14 ans lorsqu’elle a reçu un diagnostic de trouble obsessionnel-compulsif, mais elle souffrait déjà de symptômes depuis des années.
« J’ai toujours été une enfant anxieuse. Je me souviens que je restais éveillée la nuit à m’inquiéter au sujet de l’école, de ma famille et des accidents qui pourraient leur arriver », dit-elle. Ces pensées sont devenues de plus en plus intenses, et Mme Eyahpaise a commencé à adopter des comportements répétitifs pour les calmer.
« Cela a commencé à m’affecter à l’école et dans ma vie de famille. L’anxiété prenait de plus en plus de place dans ma vie », précise-t-elle.
Le trouble obsessionnel-compulsif (TOC) correspond à un ensemble de pensées obsessionnelles – des pensées intrusives et indésirables – qui ne sont atténuées que par des comportements compulsifs. Pour Mme Eyahpaise, ces comportements consistaient à vérifier différentes choses et à se laver les mains des centaines de fois par jour. Elle a essayé de cacher ce qui se passait, mais cela a fini par prendre tellement de temps et de place dans sa vie qu’elle ne pouvait plus le dissimuler.
« Quand j’étais dans ma période la plus sombre, je me sentais si seule et isolée, et j’avais l’impression que personne ne me comprenait. C’est comme si je vivais dans un cauchemar et personne ne pouvait le voir. Il n’y avait que l’obscurité et plus aucun espoir, il n’y avait même plus de vie », explique-t-elle.
Confinée à la maison et souvent alitée, elle a commencé à se sentir démunie, puis elle est devenue suicidaire. Elle a fêté ses 17 et 18 ans hospitalisée au Programme de psychiatrie pour les jeunes du Royal.
« Vous traversez des moments difficiles, mais ce n’est pas grave. Il y a une issue et vous pouvez obtenir un soutien. Vous n’êtes pas seul à vivre ça. »À mesure qu’elle se rétablissait, Mme Eyahpaise a commencé à se sentir moins seule. Inspirée à poursuivre son cheminement vers la guérison, elle s’est rendue à la Conférence internationale sur le TOC, où elle a découvert la thérapie d’exposition avec prévention de la réponse, un traitement qui s’est avéré efficace dans son cas.
De plus, Mme Eyahpaise a commencé à assister à des séances de groupes de soutien de la région, comme celui de l’organisme OCD Ottawa. En moins d’un an, elle menait le groupe des jeunes d’OCD Ottawa, auquel elle faisait part de ses expériences et de ses connaissances.
« J’ai commencé à m’intéresser à la défense des intérêts, parce que je me sentais tellement seule et j’avais l’impression que personne ne comprenait vraiment ce que je vivais, surtout les gens de mon âge, alors j’ai décidé de créer un groupe de soutien pour les jeunes adultes afin de permettre aux gens de mon âge de partager ce qu’ils vivent », indique-t-elle.
« Dans ce groupe, les gens ont le droit de dire tout ce qu’ils veulent sans être jugés, et nous sommes vraiment là pour nous aider les uns les autres et partager nos stratégies d’adaptation. »
Mme Eyahpaise continue de parler en public aujourd’hui, notamment auprès de groupes d’étudiants du secondaire dans le cadre du programme Est-ce que c’est juste moi? du Royal. Son honnêteté et sa franchise ont encouragé de nombreux jeunes à s’exprimer, à se sentir compris et à prendre conscience qu’ils ne sont pas seuls.
« Vous traversez des moments difficiles, mais ce n’est pas grave. Il y a une issue et vous pouvez obtenir un soutien. Vous n’êtes pas seul à vivre ça », ajoute-t-elle.