Deborah Mullins, qui est travailleuse sociale au Royal depuis 1999, parle depuis de nombreuses années à ses clients et à leurs proches de la validation en tant que compétence en communication. Elle se rappelle en souriant d’un client qui lui avait fait part de son propre point de vue sur la validation, à savoir que ce qu’elle enseignait n’était que des « bonnes manières ». En fait, la validation est définie comme l’acte de reconnaître et d’accepter les pensées, les sentiments et l’expérience d’une personne. Il s’agit d’une façon polie d’interagir avec vos amis, vos collègues et les membres de votre famille, mais c’est aussi plus que cela.
« La validation est une compétence qui permet d’établir la confiance et, comme toutes les compétences, elle doit être pratiquée de manière répétée », explique Mme Mullins. « Il ne suffit pas d’être bien élevé ou d’avoir de bonnes manières pour établir la confiance avec votre proche et vous rapprocher de lui. Cela ne vous donnera qu’une nouvelle invitation à dîner! »
Mme Mullins, qui présente une conférence sur la validation le 21 février dans le cadre d’un groupe d’information et de soutien pour les familles, affirme que le fait de communiquer systématiquement avec nos proches d’une manière qui valide leurs émotions pourrait contribuer à renforcer ces relations.
Elle décrit la validation comme une excellente technique de communication que tout le monde peut apprendre, mais précise que la validation joue un rôle particulièrement important dans les milieux de santé mentale.
« Lorsque vous êtes l’aidant d’une personne qui a une maladie mentale, il est très difficile de résoudre les problèmes avant d’avoir établi une relation de confiance – par exemple, pour la convaincre de prendre ses médicaments pour un trouble du spectre de la schizophrénie », indique Mme Mullins.
La psychose est un trouble de santé mentale qui affecte la façon dont le cerveau traite l’information. Les affections connues pour déclencher des épisodes de psychose sont la schizophrénie, le troubles bipolaire et la dépression grave.
Les symptômes de psychose comprennent des hallucinations (expériences visuelles ou auditives qui ne sont pas réelles), ainsi que des idées délirantes (fausses croyances qui ne sont pas fondées sur la réalité). Pendant une période de psychose, la personne peut avoir des difficultés à distinguer ce qui est réel de ce qui ne l’est pas.
« Essayer de faire sortir quelqu’un de sa psychose, c’est comme essayer de convaincre quelqu’un qu’une vérité dont il est absolument certain est fausse », explique Mme Mullins.
Elle donne l’exemple d’une personne qui a reçu un diagnostic de trouble du spectre de la schizophrénie et qui pense à tort être recherchée par la police.
À quoi pourrait ressembler la validation dans ce cas, et dans un moment de crise?
Mme Mullins suggère de rechercher ce qui est vrai dans ce que dit la personne. Dans cet exemple, il ne s’agit pas d’être d’accord avec elle, ni de confirmer qu’elle est recherchée par la police, mais plutôt d’essayer de comprendre ce qu’elle ressent à ce moment-là.
Mme Mullins propose cet exemple de choses qu’un aidant pourrait dire dans ce scénario : « Tu dois avoir très peur. Moi aussi j’aurais peur si ça m’arrivait. Je suis désolé que ça t’arrive. Qu’est-ce que je peux faire pour t’aider? » Ensuite, vous pouvez dire : « Qu’est-ce qui serait utile? Est-ce que cela t’aiderait que j’appelle ton médecin ou ton travailleur social? Est-ce que cela pourrait t’aider de prendre tes médicaments? »
Pour certaines aidants et proches, il peut être difficile de pratiquer la validation dans un moment de tension ou de peur – surtout s’ils sont au bord de l’épuisement. Il est donc utile de répéter certaines phrases clés pour s’entraîner.
Mme Mullins explique que si un aidant ne trouve pas les mots justes sur le moment, le meilleur geste de validation est le langage corporel : se tourner vers la personne pour qu’elle sache qu’on l’écoute, établir un contact visuel et hocher la tête. Pas besoin de parler.
« Être réellement présent est parfois ce que nous pouvons faire de mieux en tant qu’aidants. Et c’est aussi une forme de validation. »
Les six niveaux de validation
Mme Mullins conseille aux familles et aidants de ses clients de faire référence aux six niveaux de validation. Plus le niveau est élevé, plus la validation est forte.
- Niveau 1 : Être attentif
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Il s’agit simplement d’écouter et d’observer ce que dit et fait votre proche. L’écoute est un élément clé de la validation à tous les niveaux. Surveillez votre propre langage corporel et accordez toute votre attention à votre proche.
- Niveau 2 : Refléter
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Répétez à l’autre personne ce que vous l’avez entendu dire, sans porter de jugement sur le langage ou le ton, de manière authentique. « Cela permet à votre proche de savoir que vous êtes vraiment engagé », explique Mme Mullins.
- Niveau 3 : Lire dans les pensées avec empathie
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Essayez d’articuler ce qui n’est pas verbalisé. En d’autres termes, devinez de manière intuitive ce que l’autre personne ressent ou ce dont elle a besoin. Essayez ce niveau si votre proche ne s’engage pas, s’isole, ou semble renfermé sur lui-même. Soyez attentif à son langage corporel et restez sensible à ce qui n’est pas exprimé. Vérifiez auprès de la personne si vous avez bien compris ce qu’elle pourrait ressentir : « Ai-je bien compris? »
- Niveau 4 : Tenir compte de l’histoire
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Tenez compte de l’histoire de votre proche et essayez de comprendre ce qu’il a traversé dans le passé. Par exemple : « C’est normal que tu sois anxieux à l’idée d’assister à une fête où il y aura de l’alcool compte tenu de ton passé avec l’alcool. »
- Niveau 5 : Normaliser
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Valider sur la base du contexte ou des circonstances actuelles en comprenant que parfois, un comportement est logique pour toute personne qui vit une telle situation. « Je comprends tout à fait que tu sois frustré. Je le serais moi aussi si on ne répondait pas à mes appels. »
- Niveau 6 : Croire en son proche
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Ce niveau est appelé « authenticité radicale » et consiste à reconnaître la personne aimée pour qui elle est, à reconnaître ses forces et ses capacités et à y répondre, tout en ayant une compréhension empathique de ses difficultés.
Mme Mullins souhaite que les gens sachent que la validation ne consiste pas à contrôler les résultats, mais à établir des relations et à rapprocher les gens – et que cela demande de la pratique.
« C’est une compétence qu’il faut utiliser et renforcer jusqu’à ce qu’elle devienne automatique. Cela permet de bâtir la confiance dans cette relation afin que la personne se tourne vers vous lorsqu’elle a peur », explique Mme Mullins.
Pour en savoir plus sur la validation, regardez la vidéo ci-dessous pour voir une présentation de Deborah Mullins. Seulement disponible en anglais.