Prevention Global lance un nouveau centre de ressources

Le Royal, en partenariat avec le Centre Moore pour la prévention des abus sexuels sur les enfants de l’École de santé publique Bloomberg de l’Université John Hopkins, a annoncé le lancement de Prevention Global, un centre de ressources en ligne qui présente sept programmes du monde entier axés sur la prévention des abus sexuels sur les enfants.

Image
Dre Elizabeth Letourneau et Dr Michael Seto
Dre Elizabeth Letourneau et Dr Michael Seto

Le Dr Michael Seto, directeur de l’Unité de recherche en psychiatrie légale à l’Institut de recherche en santé mentale (IRSM) de l’Université d’Ottawa au Royal, et la Dre Elizabeth Letourneau, de l’École de santé publique Bloomberg à l’Université John Hopkins, sont les directeurs de Prevention Global.

Depuis 2021, le Dr Seto, la Dre Letourneau et leur équipe ont évalué plus de 40 programmes prometteurs en matière de prévention des abus sexuels sur les enfants. Après un examen systématique, sept d’entre eux ont montré des signes encourageants d’efficacité et un potentiel d’expansion, d’application et d’adaptation. Il s’agit de programmes en ligne, en personne et axés sur les jeunes et les adultes.

L’espoir est que des évaluations rigoureuses de chacun de ces programmes, menées en étroite collaboration avec leurs concepteurs respectifs, permettront d’éclairer les politiques et les pratiques ainsi que d’accroître les financements afin de soutenir des efforts plus efficaces pour prévenir les abus sexuels sur les enfants dans le monde entier.

L’un des programmes mis en avant par Prevention Global est Parler pour changer. Dirigée par le Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH) et financée par Sécurité publique Canada, l’initiative Parler pour changer offre un soutien et un traitement via une ligne d’aide téléphonique anonyme et des séances de psychothérapie gratuites. La ligne d’aide téléphonique et le service de clavardage sont accessibles aux personnes de tous les âges à l’échelle du Canada, et la psychothérapie est disponible dans la plupart des provinces et territoires pour les adultes de plus de 18 ans.

La Dre Ainslie Heasman est psychologue clinicienne légale à la clinique sur les comportements sexuels de CAMH à Toronto et l’une des fondatrices de Parler pour changer, le seul programme canadien figurant sur la liste de Prevention Global.

La Dre Heasman s’est dit extrêmement fière de la reconnaissance du programme et espère que cela permettra d’accroître la visibilité et la sensibilisation à un service qui est entouré de secret et de silence.

« La stigmatisation et la honte sont les principaux obstacles qui empêchent les gens de demander de l’aide », déclare Mme Heasman. « L’un des plus grands défis du programme a toujours été d’atteindre les personnes qui pourraient avoir recours à nos services. Comment pouvons-nous faire passer le message, comment atteindre ces personnes et où pouvons-nous trouver les personnes qui pourraient avoir besoin de nos services et qui sont en difficulté, mais qui ne savent pas vers qui se tourner? »

Les études montrent que l’une des principales raisons pour lesquelles les gens ne reçoivent pas d’aide avant de commettre un crime sexuel est qu’ils ne savent tout simplement pas où trouver cette aide.

Entre 2021, date de son lancement, et mai 2024, Parler pour changer a facilité 582 conversations via sa ligne d’aide téléphonique avec des personnes qui s’inquiétaient de leur intérêt sexuel pour les enfants et de leurs comportements, ou de quelqu’un qu’elles connaissaient ayant de telles préoccupations. La majorité des personnes qui appellent la ligne d’aide sont des adultes, mais la Dre Heasman a observé une augmentation du nombre de jeunes qui demandent de l’aide. « Ils se rendent compte que l’âge des personnes auxquelles ils s’intéressent ne grandit pas avec eux, comme c’est le cas avec leurs pairs. Nous connaissons l’isolement et la peur que cela peut représenter pour un adulte; imaginez un adolescent qui essaie de comprendre cela. »

Les sept programmes sélectionnés par Prevention Global :

Les évaluations des sept programmes doivent être achevées dans les 18 mois à venir, et les résultats et enseignements tirés seront publiés sur le site Web de Prevention Global et partagés à grande échelle.

Si le Dr Seto se réjouit de voir que les programmes de prévention font l’objet d’une plus grande attention dans le cadre de la réponse globale aux abus sexuels sur les enfants, il insiste toutefois sur la nécessité de mettre en œuvre une réponse véritablement mondiale.

On estime qu’un garçon sur douze et une fille sur cinq sont victimes d’une forme ou d’une autre d’exploitation ou d’abus sexuels au cours de leur vie. Selon de récentes recherches, seul un cas d’abus sur trois est signalé par l’enfant à un parent ou un autre adulte de confiance, et seul un incident sur cinq est signalé à la police.

L’équipe de Prevention Global incitera les gouvernements à soutenir les programmes dont l’efficacité est la mieux démontrée, mais le Dr Seto estime qu’il faut redoubler d’efforts pour faire en sorte que les résultats soient accessibles aux publics internationaux, y compris ceux qui vivent dans des environnements économiques et sociopolitiques différents. L’application des connaissances et l’adaptation culturelle seront un facteur clé pour rendre l’information accessible et pertinente pour les diverses communautés du monde.

Le Dr Seto souligne l’importance des données probantes et de la sensibilisation pour inciter la société dans son ensemble à défendre les efforts de prévention des abus sexuels sur les enfants.

« Les nouvelles interventions se sont multipliées au cours de la dernière décennie, mais le public, les responsables des politiques, les survivants et les personnes qui les défendent doivent avoir la certitude que ces interventions sont efficaces », déclare-t-il. « Nous serons en mesure de réaliser des évaluations de haute qualité afin de produire des preuves qui soutiendront l’expansion de ces programmes et nous rapprocheront de l’objectif d’éliminer les abus sexuels sur les enfants. »

Prevention Global est financé par un investissement de 10,3 $ millions de la Fondation Oak.

Pour en savoir plus sur Prevention Global, consultez le site prevention.global.