Pour certaines personnes atteintes de problèmes de santé mentale ou de toxicomanie, le fait de savoir qu’ils peuvent compter sur un soutien et qu’elles ne sont pas seules peut les aider à se rétablir. Bien que les amis et les proches puissent être en mesure d’offrir un soutien, il y a un réel avantage à établir des liens avec une personne qui a traversé les mêmes épreuves.
Dans le milieu de la santé, c’est ce qu’on appelle le soutien par les pairs. Le soutien par les pairs individuel se définit comme une relation de soutien entre deux personnes qui ont une expérience vécue en commun. Il existe différents types de soutien par les pairs, allant du soutien individuel occasionnel aux programmes plus profondément ancrés dans les établissements de soins de santé.
Bien que les pairs aidants aient eu une présence constante au Royal dans différentes unités au fil des ans, un nouveau programme de soutien par les pairs pour les clients du Programme de psychiatrie légale intégrée a été lancé cet été sur les campus d’Ottawa et de Brockville, et un programme de soutien par les pairs destiné aux familles suivra cet automne.
Services de soutien par les pairs pour les clients en psychiatrie légale
Les pairs aidants sont dans une position unique pour offrir un soutien et des conseils au personnel et aux clients. Ils reçoivent une formation spécialisée en soutien par les pairs, mais ce qui les distingue vraiment de l’équipe clinique est leur expérience vécue.
« S’il y a une bonne relation de travail, un pair aidant peut aider le client à atteindre ses objectifs de traitement et à effectuer sa transition vers la communauté. Les possibilités sont infinies », affirme Jason Rice, ergothérapeute au Centre de santé mentale de Brockville (CSMB), qui travaillera en étroite collaboration avec les nouveaux pairs aidants. « C’est une approche tout à fait unique, et c’est la première année où nous l’adoptons ici, à Brockville. Le fait d’avoir une personne supplémentaire qui est spécifiquement là pour aider le client va ajouter à la qualité des soins que nous fournissons aux clients. »
Abbey est l’une des deux nouveaux pairs aidants qui travaillent avec les patients hospitalisés et ambulatoires du Programme de psychiatrie légale intégrée du Royal à Brockville et Ottawa. Elle apporte à son rôle dix ans d’expérience vécue et le désir de contribuer à son tour au rétablissement d’autres personnes. Le soutien par les pairs a d’ailleurs joué un rôle important dans son propre rétablissement. Elle se souvient de l’importance de pouvoir parler à quelqu’un sans être jugé et aussi de se sentir accepté par un pair.
« Je vis toujours avec des problèmes de santé mentale », confie Abbey. « Cela fait partie de ma vie, de ma réalité. Mais le fait d’avoir rencontré un pair aidant m’a permis de faire d’énormes progrès dans mon parcours de rétablissement. Cela m’a inspiré à offrir le même soutien à d’autres personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale. »
Abbey décrit la relation de soutien par les pairs comme une rencontre entre égaux, mais en précisant que cette relation sert aussi de caisse de résonance pour les clients.
« Je suis là pour les aider à affronter la réalité de ce qui se passe aujourd’hui », ajoute-t-elle. « Je suis là pour les soutenir. Les gens peuvent venir me voir pour me parler des conflits qu’ils peuvent avoir, de leurs questions sur l’avenir, de leurs inquiétudes, leur rétablissement. Je suis là pour être une oreille attentive; quelqu’un qui les traite comme un égal et qui comprend d’où ils viennent. »
En effet, les pairs aidants se taillent une place à part dans le domaine des soins de santé mentale.
Melissa Copeland, une travailleuse sociale à l’unité de traitement en psychiatrie légale du CSMB, affirme que les pairs aidants apportent leurs connaissances, leur expérience et, surtout, un sentiment d’espoir aux clients du Programme de psychiatrie légale intégrée.
« En tant que travailleuse sociale responsable des congés de l’hôpital, j’entends souvent les clients dire qu’ils se sentent désespérés, surtout s’ils sont ici depuis plusieurs années », explique-t-elle. « Le fait qu’un pair aidant soit en contact avec eux, surtout au moment de leur congé, leur donnera de l’espoir. »
Mme Copeland pense que les clients se sentent plus forts lorsqu’ils peuvent bénéficier d’un soutien supplémentaire, surtout s’il s’agit d’une personne ayant une expérience semblable qui les aide à fixer leurs propres objectifs de rétablissement.
Un soutien qui met l’accent sur les familles
Christine est l’une des deux nouveaux pairs aidants du programme de soutien par les pairs en psychiatrie légale destiné aux familles des clients du Royal. Elle sait de première main à quel point le soutien par les pairs peut être bénéfique. « J’ai toujours eu des gens autour de moi pour me soutenir », indique-t-elle. « Toutefois, j’ai récemment appris qu’il est extrêmement précieux de pouvoir parler avec quelqu’un qui a une expérience vécue similaire. »
Comme Abbey, Christine a suivi une formation approfondie et spécialisée sur le soutien par les pairs dans les programmes de psychiatrie légale. De plus, une vie entière passée à soutenir des proches ayant des problèmes de santé mentale, dont douze ans à naviguer dans le système de psychiatrie légale, a fait d’elle une experte par l’expérience.
Christine aide les familles à naviguer dans le système de psychiatrie légale avec leurs proches et les met en relation avec des partenaires et des ressources communautaires. Un élément clé de son rôle est aussi d’aider les gens à trouver des moyens d’atténuer leur stress et d’éviter l’épuisement. « Vous ne pourrez aider vos proches que si vous êtes vous-même dans un bon état d’esprit », ajoute-t-elle.
Bien que le programme de soutien par les pairs en psychiatrie légale n’en soit qu’à ses débuts à Ottawa et à Brockville, le Royal espère qu’il servira de modèle à ses autres unités. En coulisse, l’organisation continue de travailler avec des partenaires communautaires pour établir des liens et des ressources.
« Le Royal est fier de jouer un rôle de chef de file en réunissant des intervenants clés pour faire connaître le soutien par les pairs comme une première étape importante pour répondre aux besoins de soins et les pairs aidants comme partenaires dans la prestation des soins », déclare Esther Millar, vice-présidente des Services de soins aux patients, Pratiques professionnelles. « Nous allons collaborer avec les partenaires communautaires afin de plaider en faveur du renforcement des capacités dans la communauté pour répondre aux besoins des clients et des familles en matière de soutien par les pairs. »
En attendant, Christine et Abbey sont enthousiastes à l’idée d’avoir la possibilité de faire une différence tangible dans la vie des clients et des familles du Programme de psychiatrie légale intégrée, tout en mettant en lumière la discipline du soutien par les pairs.
« J’ai hâte que nous fassions nos preuves et je souhaite montrer au monde toute la valeur de l’expérience vécue », dit Abbey.