Si vous avez déjà mis la musique à fond dans la voiture ou dansé dans votre cuisine au son de votre chanson préférée, vous savez déjà que la musique a le pouvoir – presque magique – de nous faire du bien. La musique peut évoquer des émotions, réduire le stress, nous aider à nous détendre et même transformer notre mauvaise humeur en bonne humeur. Mais même si l’influence de la musique sur notre humeur est bien connue, il nous reste encore beaucoup à apprendre sur l’utilisation de la musique à des fins thérapeutiques.
Une initiative unique fondée sur la recherche apporte la joie de la musique aux clients du Royal et donne ainsi l’occasion de répondre à quelques questions importantes sur les effets de la musique sur le cerveau et le mieux-être.
Dans le cadre du Programme de gérontopsychiatrie du Royal, des groupes de musique et de mouvement sont organisés chaque semaine pour les clients.
Imaginez une grande salle ensoleillée avec des chaises et des fauteuils roulants disposés en cercle. La Dre Jihye Kang, professeure de musique et de mouvement, prend place à un clavier électronique d’un côté du cercle et commence à jouer.
Elle dirige le groupe dans une série d’activités pour que les clients participent et bougent au son de la musique de différentes manières. Par exemple, le groupe est invité à adapter ses gestes en bougeant légèrement les mains et les pieds au rythme de la musique douce ou de manière plus dynamique lorsque la musique est plus forte. À d’autres moments, ils font des gestes en miroir, tapent sur un tambour ou suivent un rythme. Au milieu de l’heure, les participants reçoivent des balles rouge vif et sont invités à les balancer de haut en bas ou d’un côté et de l’autre en fonction de signaux musicaux. Lorsque la musique s’arrête, ils s’immobilisent.
Il s’agit de mouvements doux dans le cadre d’une activité sociale et amusante – les participants rient lorsqu’une balle s’échappe à travers la pièce et ils tapent des mains et des pieds lorsque la Dre Kang martèle avec enthousiasme une interprétation jazzy de « Bonne fête ». Une personne est émue par la musique et se lève avec enthousiasme, tandis qu’une autre se réveille de son fauteuil roulant et sourit en tenant son ballon serré contre elle.
Laura Willsher, récréothérapeute au sein du Programme de gérontopsychiatrie du Royal, supervise le groupe de musique et de mouvement dans l’Unité d’hospitalisation en gérontopsychiatrie.
« Le groupe offre aux participants un moyen de communication et d’expression, en particulier pour ceux qui ont subi des pertes fonctionnelles dans ces domaines », explique-t-elle. « Avec notre population de patients, j’ai été témoin de l’engagement actif de participants qui sont souvent indifférents aux activités de groupe ou détachés de l’interaction sociale. Dans ce contexte, j’apprécie la valeur de la musique et du rythme en tant que moyens de connexion à soi-même et à l’environnement, mais aussi comme influence positive dans le cadre du parcours des patients vers le mieux-être et le rétablissement. »
Les groupes de mouvement et de musique sont également offerts au sein du Programme de traitement des troubles de l’humeur et des troubles anxieux du Royal. Le 3 avril, un nouveau groupe de musique et de mouvement qui intègre la recherche et les soins a été lancé par l’entremise du Carrefour de ressources pour les clients et familles du Royal, un service gratuit et ouvert à tous les clients actuels et anciens du Royal.
Pourquoi la musique et le mouvement, et pas seulement la musique?
« Il s’agit de musique et de mouvement, car il existe un lien étroit entre les deux », explique le Dr Gilles Comeau, directeur de l’Institut de recherche en musique et santé (IRMS) de l’Université d’Ottawa et chercheur principal à l’Institut de recherche en santé mentale (IRSM) de l’Université d’Ottawa au Royal.
« Les bienfaits de la musique augmentent considérablement lorsque les gens participent, au lieu de se contenter de l’écouter. »
Le Dr Comeau, dont les propres travaux de recherche examinent les liens entre la musique et la santé mentale, dirige la mise sur pied d’un programme de recherche sur la musique et la santé mentale au Royal, en se concentrant sur la façon dont les personnes réagissent sur les plans biologique, comportemental et social à la musique, ainsi que sur les effets des interventions musicales au moyen de sondages, d’imagerie cérébrale avancée et d’électroencéphalographie (EEG) (une méthode de mesure de l’activité électrique spontanée dans le cerveau).
Dans le groupe de recherche sur la musique et le mouvement en gériatrie, les chercheurs administrent divers tests pour confirmer l’effet des cours de musique et de mouvement. Il s’agit notamment de sondages visant à mesurer le mieux-être général et la qualité de vie, l’anxiété et la dépression, la somnolence et la qualité du sommeil, l’isolement social et la fragilité physique. Les sondages sont effectués avant et après chaque groupe de musique et de mouvement, et une batterie complète de tests est administrée avant et après les dix semaines de séances.
Il est intéressant de noter que, tout comme les symptômes et les expériences des troubles mentaux varient d’une personne à l’autre, les réactions à la musique et au mouvement varient également. Cela fait partie du défi.
« Les bienfaits de la musique augmentent considérablement lorsque les gens participent, au lieu de se contenter de l’écouter. »
« Nous nous efforçons de concevoir des approches individualisées de la musique en tant que source de mieux-être, en nous fondant sur ce qui fonctionne pour certaines personnes et dans certains contextes », explique le Dr Comeau. « C’est une chose de dire que la musique et le mouvement sont efficaces, mais si nous prenons la démence, par exemple, peut-être que cela fonctionne surtout pour les personnes qui en sont aux stades précoce ou intermédiaire de la maladie. Pour les personnes à un stade plus avancé, il est peut-être nécessaire d’utiliser une autre méthode. »
« Il est tout aussi important d’étudier et de comprendre les personnes pour lesquelles la musique ne semble pas avoir d’effet; très souvent, elles sont oubliées dans une étude », ajoute-t-il.
Grâce à son expérience au sein du groupe de l’Unité d’hospitalisation en gérontopsychiatrie, Mme Willsher a pu constater que les groupes de musique et de mouvement ne plaisent pas à tout le monde. « Les réactions sont mitigées », dit-elle. « Je pense que cela dépend en grande partie de la personne, de son histoire et de l’étape où elle se trouve dans son parcours. »
Le De Comeau est reconnaissant au Royal d’avoir mis sur pied un programme de musique et de santé mentale et apprécie particulièrement la vision et l’enthousiasme de la Dre Florence Dzierszinski, présidente de l’Institut de recherche en santé mentale (IRSM) de l’Université d'Ottawa au Royal et vice-présidente de la recherche, qui a amené la musique au Royal.
« Les groupes de musique et de mouvement sont un excellent exemple du lien entre la recherche et les soins », déclare-t-il.
Il espère qu’en démontrant les bienfaits des programmes de musique communautaires pour les personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale, les professionnels de la santé auront l’occasion de se familiariser avec ces programmes et d’en tirer profit.
L’inauguration officielle de la clinique de recherche sur la musique et la santé mentale du Royal aura lieu en novembre 2024. Cliquez ici pour vous inscrire à notre bulletin d’information afin d’en savoir plus à l’approche de la date d’inauguration.