La lumière du soleil est un stimulant naturel de l’humeur. Malheureusement, étant donné la situation géographique du Canada, qui se trouve si loin au Nord de l’équateur, nous avons tendance à bénéficier de moins de lumière à cette période de l’année. Pour beaucoup d’entre nous, il fait encore nuit lorsque notre réveil sonne le matin, et le soleil se couche bien avant la fin de notre journée. C’est un contraste saisissant avec ces longs jours et soirs d’été.
Le manque de lumière du jour peut entraîner de la fatigue, de la léthargie et une baisse d’humeur.
« La lumière affecte l’ensemble de notre système », explique Ashley Nixon, une candidate au doctorat qui étudie les effets de la lumière sur le sommeil et la santé mentale au laboratoire de recherche sur le sommeil du Royal.
La lumière et l’obscurité influencent toutes deux notre « horloge biologique », c’est-à-dire notre rythme circadien. Ce rythme correspond à un cycle de 24 heures qui influence certaines de nos fonctions corporelles les plus essentielles, telles que la libération d’hormones, la température, la faim, la digestion, l’humeur et, bien sûr, notre cycle veille-sommeil.
Une exposition réduite à la lumière du jour peut perturber notre rythme circadien et entraîner une baisse d’humeur.
Le « blues de l’hiver » est un phénomène que beaucoup d’entre nous connaissent à cette période de l’année. Il est caractérisé par une fatigue et un manque de motivation, ce qui signifie que nous sommes plus enclins à manger une collation ou à nous verser une autre tasse de café pour nous donner de l’énergie.
Le trouble affectif saisonnier (TAS) est associé à une diminution plus marquée de l’humeur et de la concentration, à des changements d’appétit et à des problèmes de poids. On constate également une augmentation de la fatigue et des troubles du sommeil, y compris l’hypersomnie, c’est-à-dire le besoin de dormir davantage.
Heureusement, il existe un moyen de soulager les symptômes de la dépression saisonnière. Il suffit de récupérer un peu de ce qui nous manque : la lumière.
Traitement du trouble affectif saisonnier (TAS)
« Nous savons que la lumière est un bon traitement pour le trouble affectif saisonnier. C’est le traitement recommandé », explique Mme Nixon. « Cela aide à améliorer l’humeur et le niveau d’énergie. »
Mme Nixon dit que nous devrions nous exposer à une bonne dose de lumière le matin tous les jours si possible.
« L’idéal serait de s’exposer davantage à la lumière extérieure », précise-t-elle. Par exemple, en ouvrant les stores, en se promenant le matin ou simplement en allumant plus de lumières à la maison.
La lumière module la façon dont le cerveau traite les émotions. Par conséquent, un changement de lumière, comme celui qui se produit en hiver, peut modifier la façon dont notre cerveau comprend les émotions. La lumière a des effets de stimulation énergétique qui active le cerveau et nous aide à nous sentir plus alertes et plus vigilants. En raison de la faible luminosité des matins d’hiver, nous perdons donc ces bienfaits.
Le Dr Elliott Lee, directeur de la clinique du sommeil du Royal, recommande « absolument » la luminothérapie.
« Une chose que fait la luminothérapie, et c'est probablement la raison pour laquelle elle est utile pour les personnes souffrant de TAS, c’est qu'elle aide à réaligner notre rythme circadien avec notre cycle de sommeil. D’une certaine manière, cette synchronisation et/ou cette stimulation a des effets bénéfiques sur les symptômes des troubles l’humeur », explique Dr Lee.
Nous pouvons nous exposer à davantage de lumière de manière naturelle, par exemple en nous asseyant près d’une fenêtre lumineuse tout en buvant notre café du matin, mais si les matins ensoleillés sont rares, la lumière artificielle peut combler cette lacune.
Mme Nixon étudie l’utilisation de lunettes de lumière portables dans ses recherches, mais elle remarque que les lampes de traitement du TAS de bureau peuvent être une autre option moins coûteuse qui peut nous procurer la dose de lumière qui nous manque si elles sont utilisées correctement. (Mme Nixon encourage toute personne pensant avoir des symptômes liés au TAS à en parler à son médecin).
« Il nous faut davantage de lumière parce que nous en manquons pendant l’hiver, mais la clé est vraiment le moment où vous vous exposez à cette lumière », précise Mme Nixon. Toute lumière a un effet sur notre corps. Par exemple, un excès de lumière deux heures avant le coucher peut avoir un effet négatif sur notre cycle veille-sommeil, y compris la lumière émanant des téléphones portables et des écrans de télévision.
Bien que la luminothérapie soit bien établie comme traitement de la TAS, il est nécessaire de mener des recherches supplémentaires pour déterminer si elle pourrait traiter d’autres troubles de l’humeur.
Le Dr Lee cite les études du Dr Raymond Lam de l’Université de Colombie-Britannique. Les recherches du Dr Lam ont montré que même les personnes dont les symptômes de troubles de l’humeur ne suivent pas un schéma saisonnier pourraient bénéficier de luminothérapie, si celle-ci est utilisée de manière constante.
Mme Nixon participe actuellement à une étude menée au Royal qui étudie si la luminothérapie pourrait soulager les symptômes de dépression chez les jeunes adultes en corrigeant les troubles du sommeil.
Elle espère que les chercheurs pourront un jour mieux comprendre pourquoi certaines personnes réagissent à la luminothérapie et d’autres pas, afin de personnaliser les traitements des troubles de l’humeur pour chaque patient, y compris la luminothérapie.
Pour les personnes aux prises avec la dépression saisonnière, il y a un peu de lumière au bout du tunnel. Le lundi 21 décembre est le jour le plus court de l’année; il s’agit du solstice d’hiver. Après cela, les jours commencent à s’allonger et les nuits se raccourcissent à l’approche du printemps.