Le Sommet sur les opiacés

Le Sommet sur les opiacés

Quelles sont les mesures concrètes et significatives que nous pouvons prendre pour nous attaquer à la maladie mentale et à la toxicomanie au cours de la prochaine année?

C’est la question qui a incité le Royal et Santé publique Ottawa à réunir près de 200 personnes de toute la région qui s’intéressent à la santé mentale ainsi qu’à la prévention, au traitement et à la réduction des risques et méfaits liés à la toxicomanie, de même que de nombreuses personnes ayant une expérience vécue de la toxicomanie. Cette réunion leur a donné l’occasion d’envisager un avenir meilleur. 

« J’ai abandonné tout espoir d’un meilleur passé, et je pense que le système de soins de santé doit faire de même », déclare Gord Garner, directeur général de l’Association communautaire d’entraide par les pairs contre les addictions (ACEPA). « Il faut plutôt se demander : "Que pouvons-nous faire aujourd’hui pour agir?" », ajoute-t-il.

Il s’agissait du premier grand rassemblement d’intervenants à l’échelle du secteur des soins de santé pour s’attaquer à l’épidémie d’opiacés qui frappe Ottawa.

« La taille et la diversité de ce groupe montrent l’ampleur de la crise à laquelle nous sommes confrontés. La consommation d’opiacés, d’alcool et d’autres drogues ainsi que les problèmes de santé mentale touchent l’ensemble de notre communauté, et ce n’est qu’en travaillant ensemble que nous pourrons trouver un moyen de sortir de cette crise », affirme Joanne Bezzubetz, présidente et chef de la direction du Royal.

Le Sommet d’Ottawa sur les opiacés, la toxicomanie et la santé mentale, organisé par le Royal et Santé publique Ottawa le 7 février, a constitué une étape vers l’élaboration d’un modèle d’intervention intégré qui réduira les répercussions de la crise des opiacés à Ottawa en donnant aux personnes de tous les âges un meilleur accès à un soutien coordonné.

« Le Sommet a confirmé à quel point il est essentiel de travailler ensemble dans différents secteurs. Cela comprend les écoles, les services d’urgence, les soins primaires et, en particulier, les personnes ayant une expérience vécue de ces problèmes. Nous devons définir de nouvelles approches pour établir les priorités qui vont orienter le travail de prévention de la consommation problématique d’alcool et d’autres drogues ainsi que la promotion de la santé mentale à Ottawa », a déclaré la Dre Vera Etches, médecin chef en santé publique chez Santé publique Ottawa.

Cette réunion interactive a fait appel à un processus de concertation visant à éclairer et à prioriser les actions futures, en mettant l’accent sur la consommation d’opiacés à Ottawa. La discussion a porté sur trois thèmes identifiés par notre communauté :

  1. La prévention de la stigmatisation et de la consommation problématique d’alcool et d’autres drogues.
  2. Les nouvelles initiatives de réduction des risques et des méfaits associés à la consommation d’opiacés.
  3. La collaboration et l’intégration à l’échelle du système pour accroître l’utilisation des services.

« Nous devons définir de nouvelles approches pour établir les priorités qui vont orienter le travail de prévention de la consommation problématique d’alcool et d’autres drogues ainsi que la promotion de la santé mentale à Ottawa. »

Pour chaque thème, un groupe d’experts en santé mentale et en toxicomanie a pris la parole et a répondu aux questions. Des discussions en table ronde ont suivi, puis chaque table a fourni une rétroaction par écrit. Les commentaires ont été compilés, puis ont été débattus par un groupe de « jurés » qui les ont résumés en quinze recommandations clés, lesquelles ont ensuite été votées par l’ensemble du groupe. Les priorités clés déterminées suite à cette concertation seront au centre de nos efforts au cours de la prochaine année.

Ces priorités sont les suivantes :

  1. Il faut aborder la stigmatisation et le langage stigmatisant entourant les problèmes de toxicomanie et de santé mentale par l’éducation et la défense des intérêts afin de changer l’opinion professionnelle et publique.
  2. Il faudrait établir une table de concertation à l’échelle du système pour faire progresser une stratégie en matière de santé mentale et de toxicomanie dans tous les secteurs et tout au long de la vie. Elle devrait être conçue avec les personnes qui ont une expérience vécue de la maladie mentale et de la toxicomanie, ainsi que les populations vulnérables.
  3. Les stratégies de prévention doivent être intersectorielles et inclure les résultats des questionnaires sur les antécédents de traumatismes et les expériences négatives de l’enfance (ENE), l’engagement social et les besoins de logement.
  4. Il faudrait améliorer l’accès aux traitements par agoniste des opiacés (traitement visant à prévenir le sevrage et à réduire l’envie de consommer) et aux programmes de gestion des opiacés, ainsi qu’accroître le financement qui leur est accordé.
  5. Les systèmes paramédicaux devraient intégrer les pratiques et la philosophie de réduction des risques et méfaits dans leurs services.
  6. Le modèle de financement devrait encourager des soins complets, collaboratifs, intégrés et axés sur les clients.
  7. Les personnes ayant une expérience vécue de ces problèmes, y compris les proches et les familles, devraient participer à la conception et à la prestation de tous les services.

À la fin du Sommet, les participants pouvaient exprimer leur intérêt à poursuivre la collaboration, et beaucoup l’ont fait. Les travaux se poursuivront en vue de réaliser les priorités définies lors du Sommet, à mesure que divers intervenants se réuniront pour déterminer la meilleure façon d’offrir des services aux personnes vivant avec des problèmes de maladie mentale ou de toxicomanie.