Le Royal prête son expertise au nouveau portail en ligne de prévention des abus sexuels

Lorsque les responsables de la santé publique ont annoncé pour la première fois les mesures de confinement à domicile pendant la pandémie, beaucoup ont prédit que l’ennui, l’isolement et le stress inciteraient les gens à passer plus de temps sur Internet.

Le Dr Michael Seto et ses collègues se sont demandés si cela allait entraîner une augmentation de l’exploitation et des abus sexuels des enfants.

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Dr Michael Seto
Dr Seto, directeur de l’Unité de recherche en psychiatrie légale, Institut de recherche en santé mentale (IRSM) du Royal; directeur, Unité de recherche en réadaptation psycho-légale, Services de santé Royal Ottawa.

Le Dr Seto est directeur de l’Unité de recherche en psychiatrie légale de l’Institut de recherche en santé mentale (IRSM) du Royal, qui est affilié à l’Université d’Ottawa, ainsi que directeur de l’Unité de recherche en réadaptation psycho-légale des Services de santé Royal Ottawa. Il a publié de nombreux ouvrages sur la pédophilie, la délinquance en ligne et la délinquance sexuelle, et présente souvent des conférences sur ces sujets dans le cadre de réunions scientifiques et d’ateliers professionnels.

Selon le Dr Seto, les lignes téléphoniques de signalement de cas d’exploitation sexuelle d’enfants, telles que Cyberaide.ca au Canada et le National Center for Missing and Exploited Children aux États-Unis, reçoivent de plus en plus d’appels et le nombre de visiteurs des sites d’entraide a « énormément » augmenté depuis mars.

La Fondation Oak, une fondation privée basée à Genève, en Suisse, qui a investi dans la prévention des abus et d’autres initiatives de justice sociale, a contacté le Dr Seto et sa collègue, la Dre Elizabeth Letourneau de l’école de santé publique Bloomberg de l’Université Johns Hopkins, afin d’apporter une réponse à cette augmentation des demandes d’aide.

Ils ont proposé l’idée de créer un « portail de prévention des abus sexuels », c’est-à-dire un centre de ressources en ligne destiné aux parents et aux familles ainsi qu’aux personnes qui s’inquiètent de leurs propres pensées ou comportements sexuels impliquant des enfants.

Le Dr Seto estime qu’on ne peut pas s’attendre à ce que les gens effectuent une recherche dans Google et essaient ensuite de déterminer si une ressource est crédible ou utile, c’est trop demander à quelqu’un qui a besoin d’aide.

« Ces ressources sont parfois difficiles à trouver », explique le Dr Seto. « Et il faut un certain savoir-faire pour les comprendre et évaluer leur pertinence. »

Le nouveau portail a été mis en ligne en quelques semaines. Le résultat est une liste de ressources gratuites (par téléphone ou en ligne) très bien conçue. La crédibilité, l’utilité et la facilité d’accès de ces ressources ont été vérifiées par des experts. De plus, beaucoup d’entre elles sont disponibles en plusieurs langues.

Ce portail permet de donner des informations aux personnes qui savent qu’elles ont besoin d’aide mais ont peur de la demander.

La honte et la stigmatisation empêchent souvent les gens à obtenir l’aide dont ils ont besoin. Au Canada, la première étape consiste à parler ouvertement à un médecin de famille afin d’être aiguillé vers des services spécialisés, mais peu de personnes le font.

« Le coût d’une thérapie privée est un autre obstacle, surtout en ce moment », ajoute le Dr Seto.

Parmi les sites Web répertoriés, figurent Stop it Now, qui propose des ressources éducatives ainsi que d’autres outils pour prévenir les abus sexuels des enfants, et Troubled Desire, qui offre un soutien aux personnes qui s’inquiètent de leur attirance sexuelle pour les enfants et les jeunes adolescents.

Combien de personnes recherchent un site Web comme le portail de prévention des abus sexuels? 

« Je pense que c’est un chiffre plus important que ce que beaucoup de gens pourraient penser », explique le Dr Seto.

Il ajoute que ces personnes sont conscientes d’être attirées par les enfants, mais qu’elles sont généralement capables de maîtriser leurs impulsions et d’éviter les situations qui pourraient les pousser à agir.

« Mais pendant cette pandémie, lorsque le niveau de stress augmente, que l’isolement social s’accentue, que l’ennui s’installe, cette même personne qui était capable de se contrôler pourrait être tentée de rechercher certains types de contenus illégaux en ligne », explique le Dr Seto. « C’est cette personne qui, je l’espère, va trouver ce portail. »

Bien que le portail de prévention des abus sexuels soit conçu pour fournir des ressources aux personnes qui en ont besoin, il aidera également les chercheurs à acquérir de précieuses connaissances. En effet, le Dr Seto et ses collègues examinent quelles ressources sont les plus fréquemment consultées et travaillent avec leurs partenaires pour comparer le trafic Web à la même époque l’année dernière.

Jusqu’à présent, il semble que l’utilisation du site ait considérablement augmenté.

Le Dr Seto indique que l’objectif du portail est de prévenir les abus sexuels des enfants, mais aussi de réduire les obstacles pour les personnes en détresse ou inquiètes du risque qu’elles pourraient représenter et qui ont besoin d’aide.

« Cette personne qui aurait normalement l’impression de bien s’en sortir pourrait ne pas se porter aussi bien en ce moment. Et je ne veux pas que cette personne ait des ennuis en passant à l’acte et en faisant du mal à des enfants. »

Le portail Web est hébergé par le Centre Moore pour la prévention des abus sexuels sur les enfants (Moore Centre for the Prevention of Child Sexual Abuse), qui fait partie de de l’école de santé publique Bloomberg de l’Université Johns Hopkins.