Cet été marque le 10ème anniversaire du Programme de rétablissement du Royal, qui coïncide avec la naissance d’un mouvement dans le domaine de la santé mentale en faveur des soins et services axés sur le rétablissement.
Le Programme de rétablissement s’adresse aux personnes qui sont atteintes d’un trouble psychotique primaire ou qui ont des antécédents significatifs de psychose.
« Le Programme de rétablissement a été lancé dans le cadre d’un mouvement beaucoup plus vaste dans le domaine de la santé mentale, afin d’offrir des services qui n’existaient pas vraiment dans cette ville auparavant », explique la Dre Alexandra Baines, psychiatre et responsable clinique du programme. « Ce programme nous permet de fournir un soutien et des services d’une manière que nous ne pourrions pas faire autrement, et nous considérons qu’il est vraiment essentiel pour certains des troubles que présentent nos clients. »
Le modèle traditionnel de soins de santé mentale était une approche descendante, largement axée sur l’éradication des symptômes et la réduction des risques. En revanche, le modèle de rétablissement est axé sur les clients et considère les gens comme des experts dans leurs propres soins. Il est fondé sur la force et l’espoir.
« J’ai le privilège de connaître l’histoire des gens et de considérer l’ensemble de leur parcours au regard de leur situation actuelle. Et quand vous voyez le chemin qu’ils ont parcouru, les difficultés qu’ils ont rencontrées et ce qu’ils sont capables d’accomplir, c’est tout simplement épatant. » – Amanda Wannamaker, une ergothérapeute du Programme de rétablissement
« Qu’il s’agisse de retourner à l’école, de faire du bénévolat ou de travailler, ou encore de pratiquer de meilleurs autosoins ou de maintenir un meilleur niveau d’activité au quotidien, nous travaillons avec des personnes qui essaient soit d’améliorer leurs compétences en matière de vie autonome, soit de reprendre des activités significatives », explique la Dre Baines, qui a commencé à travailler pour le Programme de rétablissement environ un an après son lancement.
Certains clients peuvent avoir des difficultés liées aux fonctions exécutives, que la Dre Baines décrit comme un terme général désignant un ensemble de processus mentaux tels que l’organisation, la planification, l’initiation et le jugement.
« Nous utilisons les fonctions exécutives pour faire des choses très simples que nous considérons comme allant de soi, comme se lever à une certaine heure, prendre une douche, s’habiller, prendre son petit déjeuner, sortir à l’heure », explique-t-elle.
Parfois, l’équipe doit faire preuve de créativité pour présenter l’information aux clients d’une manière différente, de façon à ce qu’elle soit plus facile à retenir. La Dre Baines donne l’exemple d’une personne qui ne se souvenait pas des instructions orales pour faire cuire des œufs au plat, mais qui, une fois les instructions écrites et accompagnées d’images, a enfin retenu l’information.
L’une des plus grandes différences entre le traitement dans un établissement de soins actifs et le Programme de rétablissement est le temps.
« La véritable opportunité que nous avons au Programme de rétablissement est que nous avons le temps de connaître quelqu’un, de connaître ses forces et ses besoins, et de proposer un plan de traitement sur mesure que le client contribue à établir, afin de l’aider à progresser vers l’atteinte de certains objectifs fonctionnels. »
Les clients travaillent avec une équipe diversifiée qui comprend du personnel infirmier, des ergothérapeutes, des récréologues, des travailleurs sociaux, une diététiste et des spécialistes du soutien par les pairs. Ensemble, ils apportent un soutien individualisé à chaque client.
« Chaque personne est complètement unique, et nous travaillons avec elle pour atteindre ses objectifs particuliers », explique Amanda Wannamaker, une ergothérapeute du Programme de rétablissement.
Un programme centré sur les clients pour les aider à atteindre leurs objectifs
Le Programme de rétablissement a évolué au cours de la dernière décennie, et l’un des principaux moteurs de ce changement vient des clients eux-mêmes.
« Nous nous adaptons à mesure que leurs besoins évoluent », explique Mme Wannamaker, qui travaille pour le programme depuis ses débuts. Elle donne l’exemple d’un programme de groupe de longue durée appelé « Homeward Bound », qui est conçu pour aider les clients à acquérir des compétences qui les aideront à vivre de manière plus autonome. Lorsque les clients évoquent les nouveaux défis auxquels ils sont confrontés, les solutions font partie des sujets abordés dans les futurs groupes.
Un autre changement important survenu au cours de la dernière décennie est l’établissement du Programme de rétablissement et de gestion de la maladie, un programme de réadaptation fondé sur l’apprentissage qui est destiné aux personnes ayant des troubles de santé mentale. « Il permet d’assurer que les clients ont des connaissances de base sur la santé mentale, la défense des droits et les symptômes », explique Mme Wannamaker. L’objectif est d’amener les clients à mieux comprendre ce qu’eux et leurs pairs vivent.
« J’ai beaucoup appris au cours des dix dernières années, et j’ai surtout compris que les gens sont plus forts que nous ne l’aurions jamais cru possible – je le constate tous les jours », déclare Mme Wannamaker. « J’ai le privilège de connaître l’histoire des gens et de considérer l’ensemble de leur parcours au regard de leur situation actuelle. Et quand vous voyez le chemin qu’ils ont parcouru, les difficultés qu’ils ont rencontrées et ce qu’ils sont capables d’accomplir, c’est tout simplement épatant. »
Kevin Patrick, qui a participé au Programme de rétablissement pendant 14 mois il y a deux ans, dit qu’il a reçu une aide significative dans de nombreux domaines, comme pour trouver un logement par exemple. Trouver un logement sûr et abordable est un défi majeur pour de nombreuses personnes qui vivent avec une maladie mentale. M. Patrick a mis huit mois pour trouver son logement, grâce à l’aide de Jillian Crabbe, une travailleuse sociale du Royal.
« J’ai le meilleur logement du monde entier. C’est vraiment chez moi, pour la première fois », confie M. Patrick. « Pendant les douze années qui ont précédé mon rétablissement, je vivais dans le sous-sol de quelqu’un. Je n’étais jamais vraiment chez moi. »
M. Patrick décrit son nouveau chez-soi comme un « tremplin qui va mener à d’autres belles choses », comme le bénévolat. Il est actuellement un membre actif du Conseil consultatif des clients du Royal, et cette activité lui a permis de nouer des liens d’amitié, dont beaucoup sont encore solides. Il aime également faire son propre pain, quelque chose que lui a appris une infirmière du programme. (Vous pouvez en savoir plus sur cette histoire et obtenir sa recette ici.)
« Pour moi, c’est la meilleure des 15 dernières années. Et c’est vraiment grâce au temps que j’ai passé au Programme de rétablissement », ajoute-t-il. « C’est à partir de là que j’ai pu reconstruire ma vie. C’est comme cela que je suis arrivé à Ancoura, où je vis maintenant. C’est là que j’ai commencé à faire du bénévolat, où j’ai pu me faire des amis. Tout cela est arrivé grâce au Programme de rétablissement. »