Alors que la pandémie de COVID-19 a créé de nombreux défis pour le personnel, les clients et les familles, le Royal a continué de faire progresser les soins aux clients atteints de schizophrénie.
Selon Domenic Lelo, directeur des Services de soins aux patients du Programme intégré de traitement et rétablissement de la schizophrénie du Royal, une initiative sur l’établissement d’objectifs a permis d’améliorer considérablement la qualité des soins.
Pour comprendre la mission de ce programme, il est important de mieux connaître la schizophrénie, un trouble mental complexe qui touche environ un pour cent de la population canadienne. Dans la région d’Ottawa seulement, environ 12 000 personnes sont atteintes de schizophrénie. Il s’agit d'une maladie chronique qui apparaît généralement à la fin de l’adolescence ou au début de l’âge adulte.
Les personnes atteintes d’une maladie mentale grave et complexe comme la schizophrénie sont souvent confrontées à des difficultés qui affectent leur capacité à fonctionner dans la communauté. Les symptômes comprennent des idées délirantes, des hallucinations, une pensée désorganisée, la perte d’intérêt pour les activités quotidiennes et le retrait social. Bien qu’il n’existe pas de remède, les symptômes peuvent être gérés avec un traitement approprié.
L’objectif du Programme intégré de traitement et rétablissement de la schizophrénie est de préparer les clients à vivre dans la communauté de manière aussi indépendante que possible, tout en comprenant que le parcours de rétablissement est unique pour chaque personne.
« Notre mission est d’aider nos clients à acquérir les compétences nécessaires pour gérer leurs symptômes tout en menant une vie épanouie », déclare M. Lelo.
L’établissement d’objectifs a toujours fait partie du parcours de rétablissement des clients, mais ce processus a récemment été formalisé de manière à améliorer la responsabilisation et les résultats, tant pour le personnel que pour les clients.
Dans le domaine de la santé mentale, l’établissement d’objectifs est largement considéré comme un élément important du mieux-être mental. Même si les objectifs peuvent varier d’une personne à l’autre, le fait d’établir des objectifs renforce la motivation et la résilience, oriente la concentration et favorise le sentiment d’indépendance.
Une première réunion de définition des objectifs a lieu entre le client et le personnel dans les sept jours suivant l’admission au Programme intégré de traitement et rétablissement de la schizophrénie du Royal. Le fournisseur de soins primaires du client, l’infirmière principale et un membre du personnel paramédical, comme un ergothérapeute ou un travailleur social, participent à cette réunion, selon les objectifs identifiés.
Le rétablissement étant différent pour chacun, aucun objectif n’est trop petit ou trop grand. Les objectifs du client peuvent être liés à la nutrition (y compris faire les courses et préparer les repas), à l’emploi et à l’autonomie financière, ou au bénévolat dans la communauté.
« Notre mission est d’aider nos clients à acquérir les compétences nécessaires pour gérer leurs symptômes tout en menant une vie épanouie »
Le personnel travaille avec le client pour établir un plan d’action qui comprend l’orientation vers des groupes thérapeutiques pertinents disponibles au Royal. (Par exemple, si le client s’est fixé pour objectif de mener un mode de vie plus sain, un récréologue peut lui suggérer des groupes de marche et de conditionnement physique.)
« Ce processus est une feuille de route vers le rétablissement, un moyen de nous assurer que nos soins répondent aux besoins du client, à sa situation et à ce qu’il souhaite faire. Il s’agit d'un processus axé sur les soins, dirigé par le client et centré sur lui », explique Melissa McFadden, gestionnaire des Services de soins aux patients du programme.
La première visite de contrôle a lieu après six semaines, puis tous les trois mois pour suivre les progrès du client et voir si ses objectifs ont évolué ou changé.
« Rien n’est gravé dans la pierre, car le rétablissement est fluide », explique Mme McFadden. « Nous aimons le fait que les objectifs changent, parce que cela montre qu’ils viennent réellement des clients. Nous témoignons de leur volonté et de leur engagement! Cela signifie que les clients défendent vraiment leurs propres intérêts. »
Ce modèle diffère de l’« approche descendante » historique, où un médecin déterminait unilatéralement le plan de traitement. Aujourd’hui, il y a davantage de collaboration et la prise de décisions est partagée avec de multiples disciplines ainsi qu’avec les clients et leur famille, y compris en ce qui concerne les objectifs.
Le fait de s’engager à organiser régulièrement des réunions pour établir des objectifs et consigner un plan de rétablissement correspondant a permis de mettre l’accent sur les besoins du client, tout en améliorant la collaboration et la communication entre les cliniciens.
Selon le personnel, les effets de cette initiative sont manifestes. Non seulement la participation aux groupes thérapeutiques a augmenté, mais lorsque l’établissement d’objectifs fait partie intégrante de la conversation, les clients sont plus motivés et se concentrent sur leur rétablissement.
Mme McFadden explique qu’il faut que davantage de personnes comprennent l’importance d’avoir des objectifs significatifs. Et si un objectif semble trop ambitieux au départ, il est bon de le ramener à l’essentiel.
Elle donne comme exemple le cas d’un client qui éprouvait beaucoup de stress. En concertation avec son équipe de soins, il s’est fixé pour objectif de faire une promenade de 10 minutes par jour et d’intégrer quelques pratiques de pleine conscience faciles.
« Même si ce n’est que 10 minutes, c’est quand même un objectif. Il peut sembler petit, mais il est vraiment significatif », précise Mme McFadden. « Ici, au Royal, nous nous concentrons sur les forces. Chaque personne a des points forts. Tout le monde a un don à offrir. »