Le Centre de santé mentale de Brockville (CSMB) offre un programme unique conçu pour lutter contre l’un des plus graves problèmes de santé publique connus dans le monde : l’hépatite C.
Environ 20 % des nouveaux résidents du Centre correctionnel et de traitement St. Lawrence Valley (qui fait partie du CSBM) sont atteints d’hépatite C. Grâce au soutien de partenaires locaux, un traitement est offert à tous ceux qui le souhaitent.
L’hépatite C est une infection virale, causée par le virus de l’hépatite C (VHC), qui se transmet par le sang et peut causer de graves dommages au foie. Pour un nombre important de personnes atteintes d’une forme chronique, la maladie évolue vers la cirrhose ou le cancer du foie. Le virus de l’hépatite C est transmis par le sang : les modes d’infection les plus courants passent par l’exposition à de petites quantités de sang, notamment lors de l’utilisation de drogues injectables et par des pratiques d’injection à risque, lors de la transfusion de sang et de produits sanguins n’ayant pas fait l’objet d’un dépistage, ou par des pratiques sexuelles entraînant une exposition au sang. Certaines personnes atteintes d’hépatite C ne savent pas qu’elles sont infectées, car les symptômes peuvent mettre des décennies à apparaître.
L’Organisation mondiale de la Santé estime que 71 millions de personnes dans le monde sont porteurs chroniques de l’hépatite C. Le plus grand groupe à risque est celui des personnes nées entre 1945 et 1965, un groupe d’âge qui a cinq fois plus de chances d’être infecté que les personnes nées à d’autres périodes.
Il n’existe actuellement aucun vaccin efficace contre l’hépatite C. Jusqu’à récemment, le traitement consistait généralement en plusieurs semaines de pharmacothérapie (injections et médicaments par voie orale), qui avaient de graves effets secondaires et un faible taux de réussite. La bonne nouvelle est que le traitement le plus récent (médicaments oraux pris tous les jours pendant huit à douze semaines, au lieu de plusieurs mois) présente moins d’effets secondaires et un taux de guérison pouvant atteindre 98 %.
Jane Benson, une infirmière du CSMB qui travaille pour le programme de traitement de l’hépatite C, explique que l’équipe a considéré que c’était l’occasion idéale d’aider un groupe d’hommes à risque élevé à recevoir un traitement et surtout, de les empêcher de transmettre le virus.
« Ce n’était pas quelque chose que nous cherchions activement à faire parce que nous nous occupons de santé mentale, mais nous avons eu quelques clients atteints d’insuffisance hépatique grave pendant qu’ils étaient ici », explique Mme Benson. « Beaucoup d’entre eux sont malades. Et nos clients nous disent qu’ils apprécient ces soins. Ils sont très enthousiastes à l’idée de recevoir un traitement ici. »
Dans ce modèle de soins, les membres du personnel infirmier correctionnel et de la communauté travaillent ensemble pour assurer le dépistage, le diagnostic et le traitement de l’hépatite C pour tous les résidents consentants de l’établissement. Ce partenariat a permis d’obtenir un taux élevé de réussite du traitement, avec un taux de guérison de 47 %, ce qui est bien supérieur à la moyenne nationale de 7 %. Ce partenariat pourrait être mis en œuvre dans d’autres établissements correctionnels, ce qui contribuerait à l’objectif de l’Organisation mondiale de la Santé de réduire le nombre de nouveaux cas d’hépatite C de 90 % dans le monde d’ici à 2030.
Selon Lynn Vignola, une infirmière autorisée de l’organisme West Ottawa Specialty Care qui participe à l’initiative, il n’existe pas de programmes de dépistage systémique dans les prisons provinciales ou territoriales, à l’exception de la Colombie-Britannique.
L’un des plus grands défis est le financement. Le traitement est couvert pour les personnes qui travaillent et bénéficient d’un régime d’assurance-maladie, mais il n’est pas à la portée des personnes qui gagnent un faible revenu ou qui sont en situation de logement précaire.
« Beaucoup de mes patients savent qu’ils ont l’hépatite C depuis des années, mais à cause de leurs problèmes de toxicomanie ou d’autres problèmes, ils ne suivent pas le traitement », ajoute Mme Benson. « Ici, nous savons qu’ils vont recevoir tous leurs médicaments. Ils doivent les prendre tous les jours et nous ne voulons pas qu’ils oublient des doses. C’est le meilleur endroit pour s’assurer qu’ils reçoivent le traitement complet. »
Le soutien des partenaires locaux fait partie intégrante de la réussite du programme. Si le client quitte l’établissement avant la fin de son traitement, Mme Benson prend des dispositions avec des organismes de soins de santé partenaires dans la communauté où vit le client pour obtenir un soutien, partout en Ontario.
« Il faut que plus de gens sachent qu’il s’agit d’une maladie qui peut être traitée », indique Mme Benson, qui encourage toute personne faisant partie d’une catégorie à risque élevé à se faire tester.
Le programme de traitement de l’hépatite C du Royal est financé par l’entremise de la Fondation Trillium.
Pour obtenir des renseignements sur la Journée mondiale contre l’hépatite de 2021, consultez le site worldhepatitisday.org.