Du conflit à la connexion : le coaching émotionnel pour les aidants

Tout le monde veut se sentir compris. Cette idée est au cœur du coaching émotionnel. Il s’agit d’un mode de communication avec les proches qui peut renforcer les relations et aider les personnes de tous âges à développer l’intelligence émotionnelle dont elles ont besoin pour comprendre et gérer leurs sentiments.

Le coaching émotionnel ne vise pas une maladie mentale spécifique; il est universel et peut guider les conversations entre personnes de tout âge, dans n’importe quelle situation.

Le coaching émotionnel fait partie d’une approche thérapeutique appelée thérapie familiale axée sur les émotions. Ce type de thérapie encourage les aidants à participer activement au rétablissement en santé mentale de leur proche. Elle leur permet d’acquérir les compétences nécessaires pour apporter un soutien comportemental et émotionnel, faciliter les conversations qui favorisent le rétablissement et surmonter les inquiétudes et les peurs.

Pour les aidants – qu’il s’agisse de parents, de conjoints, de frères et sœurs, d’autres membres de la famille ou d’amis – le coaching émotionnel pourrait transformer les moments difficiles avec leurs proches en opportunités de croissance significative.

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Rob Nettleton
Rob Nettleton, travailleur social au Centre de santé mentale Royal Ottawa, anime régulièrement des ateliers sur le coaching émotionnel au Royal.

Rob Nettleton, travailleur social au Programme de psychiatrie pour les jeunes du Centre de santé mentale Royal Ottawa, est un expert en coaching émotionnel et organise régulièrement des ateliers sur ce sujet. Ses ateliers en deux parties sont gratuits, ouverts au public et donnent l’occasion pour chacun de se familiariser avec le coaching émotionnel et de mettre en pratique de nouvelles compétences. 

Voici quelques-unes des situations les plus courantes auxquelles sont confrontés les parents et les aidants qui participent aux ateliers de M. Nettleton :

  • Un proche ayant recours à des mécanismes d’adaptation malsains, comme la consommation de substances ou l’automutilation, lorsqu’il est confronté à des émotions intenses.

  • L’anxiété et l’évitement face à des situations anxiogènes, comme aller à l’école.

  • Un manque de motivation et d’engagement à l’égard du traitement ou de l’utilisation de techniques d’adaptation.

M. Nettleton estime que les aidants peuvent devenir de véritables « agents de changement » pour leur proche. En tant que membres actifs de l’équipe de soins, ils peuvent jouer un rôle important dans le renforcement des stratégies thérapeutiques à la maison. En pratiquant régulièrement le coaching émotionnel, ils peuvent aider leurs proches à identifier et à réguler leurs émotions, ce qui peut réduire le besoin de recourir à des mécanismes d’adaptation malsains.

M. Nettleton souligne que lorsque les aidants abordent les conversations avec empathie, patience et compréhension, ils aident leurs proches à renforcer leur résilience émotionnelle et à s’engager de manière plus significative dans leur parcours de traitement.

La première étape : identifier et valider

Le coaching émotionnel suit une séquence simple d’étapes. Tout d’abord, identifiez ce que vit votre proche, puis validez ses sentiments.

Quelle que soit la situation, M. Nettleton suggère aux aidants d’intégrer l’expression « parce que » dans leurs réponses et d’éviter le mot « mais » pour montrer qu’ils ont une compréhension plus approfondie de ce que vit leur proche.

Donc, au lieu de dire « Je comprends que tu es très frustré en ce moment, mais tu dois quand même aller à l’école », essayez de dire : « Je sais que tu es très anxieux à l’idée d’aller à l’école parce que les examens sont stressants et parce que tu n’as pas de cours avec tes amis en ce moment ».

Selon M. Nettleton, le fait de nommer le sentiment est un élément clé du coaching émotionnel : « Il faut nommer l’émotion pour l’apprivoiser. »

Cela peut paraître simple, mais le fait de nommer l’émotion ressentie permet d’atténuer la sensation qu’elle suscite dans le cerveau et le corps. M. Nettleton prend l’exemple de l’anxiété, qui s’accompagne souvent de symptômes physiques tels qu’une accélération du rythme cardiaque et une difficulté à respirer.

« Le fait d’identifier l’anxiété nous rassure que ce que nous ressentons est normal, peut-être pas agréable, mais normal », explique M. Nettleton. « Une fois que nous avons identifié l’émotion, nous pouvons nous tourner vers les outils et les techniques d’adaptation nécessaires pour nous calmer. »

Apporter un soutien

La prochaine étape consiste à apporter un soutien émotionnel et pratique, ce qui est la réaction par défaut de la plupart des gens comme l’indique M. Nettleton.

« Ce sont des choses que les parents et les aidants font très bien, ils veulent immédiatement faire quelque chose pour aider. Les aidants sont très doués pour résoudre les problèmes. »

La mise en garde qui s’impose ici est que pour vraiment entendre quelqu’un et engager la conversation, il faut d’abord réduire l’intensité émotionnelle. (En d’autres termes, ne sautez pas l’étape de la validation). M. Nettleton utilise une analogie pour décrire à quel point il peut être difficile de communiquer clairement avec une personne qui vit des émotions intenses. Imaginez que votre proche se trouve sur le balcon du dernier étage et que vous êtes au niveau de la rue, en train de crier pour qu’il vous entende. Rien de ce que vous dites ne l’aidera parce qu’il ne vous entend pas.

M. Nettleton encourage les aidants à essayer de se mettre à la place de leur proche, tout en lui offrant un soutien pratique.

Le fait de nommer le sentiment est un élément clé du coaching émotionnel : « Il faut nommer l’émotion pour l’apprivoiser. »

« Beaucoup de parents et d’aidants s’imaginent qu’ils n’ont jamais vécu ce que leur proche a vécu, mais ce n’est pas nécessaire pour vous mettre à leur place », explique M. Nettleton. « Avez-vous déjà été triste? Avez-vous déjà eu du mal à sortir du lit? Avez-vous déjà été très nerveux, stressé et anxieux à propos de quelque chose? Vous êtes-vous déjà senti complètement dépassé, et vous ne saviez pas quoi faire ou comment procéder? Si c’est le cas, vous pouvez compatir. »

M. Nettleton, qui effectue actuellement des recherches et rédige un article sur le coaching émotionnel, est encouragé par les « petites victoires » dont il entend parler à l’issue de ses ateliers, comme celle d’un adolescent qui refusait de parler.

Si les aidants ne voient pas immédiatement le changement qu’ils espèrent, rappelez-vous que l’objectif est de renforcer la connexion avec votre proche, et que cela prend parfois du temps.

Selon lui, si les aidants ne retiennent qu’un seul concept de ses ateliers, c’est qu’ils doivent éviter de se lancer d’emblée dans la résolution des problèmes. Il faut plutôt prendre du recul, essayer de comprendre ce qui se passe et écouter.

« Rappelez-vous que, parfois, votre proche ne cherche pas de solution. Parfois, il veut simplement partager quelque chose.

Essayez de suivre ces exemples de scénarios

Q: Que dois-je faire si mon enfant ne me parle pas... de quoi que ce soit?

Rob Nettleton : « Vous pouvez commencer par reconnaître qu’il est difficile de parler de certaines choses, de s’ouvrir aux parents et aux adultes, surtout si l’enfant s’est senti incompris pendant longtemps. Vos meilleures suppositions valent mieux qu’un tas de questions, mais même si vous ne savez pas pourquoi, ce n’est pas grave. Dans le pire des cas, vous vous trompez et ils vous diront peut-être pourquoi vous vous trompez, ce qui vous donnera des informations. »

Voici un exemple de scénario : C’est logique que tu aies du mal à me parler de ce sujet parce que nous n’avons pas souvent eu ce genre de conversation par le passé. Tu vas à tes rendez-vous et tu en parles déjà, donc tu en as peut-être assez d’en parler. On dirait que tu es vraiment dépassé par ce que tu ressens. Je veux que tu saches que je suis là pour toi. Je veux que nous puissions parler de ces choses. Et si je te donnais 20 minutes? Dans 20 minutes, je reviendrai et si tu as envie de discuter avec moi, c’est très bien. Sinon, on pourrait tout simplement regarder une émission ensemble?

Voici deux autres exemples de scénarios sur l’évitement scolaire et la dépression.