Comment lutter contre la solitude pendant les Fêtes?

Pendant les Fêtes, nous sommes bombardés d’images de familles « parfaites » réunies autour de dîners parfaits, créant ainsi l’illusion de Fêtes idéales. En réalité, de nombreuses familles sont loin d’être parfaites et, pour les personnes qui n’ont pas un solide réseau de soutien, les Fêtes peuvent amplifier le sentiment d’isolement.

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Vanessa Holmes est travailleuse sociale au Royal.
Vanessa Holmes est travailleuse sociale au Royal.

Nous voyons tous ces films et publicités sur les familles « heureuses », explique Vanessa Holmes, travailleuse sociale au Royal. « Mais tout le monde n’a pas ce genre d’attachement ou de liens affectifs et ne célèbre donc pas les Fêtes avec sa famille. Ce désir de connexion peut conduire à un profond sentiment de solitude. »

Les personnes âgées peuvent se sentir isolées après avoir perdu certaines de leurs relations à la retraite. D’autres personnes peuvent se sentir seules dans un mariage où l’intimité émotionnelle s’est érodée. Les adolescents peuvent se sentir coupés de leurs amis et de leur famille. La solitude revêt de nombreuses formes, mais ses effets sont universels.

Les répercussions de la solitude sur la santé publique

Mme Holmes, une travailleuse sociale au Royal depuis 2004, a travaillé pour le Programme de gérontopsychiatrie, le Programme de psychiatrie légale intégrée et le Programme de psychiatrie pour les jeunes. Elle explique que les personnes issues de milieux difficiles ou ayant vécu des expériences traumatisantes sont plus susceptibles de souffrir de solitude.

La solitude n’est pas seulement une expérience émotionnelle, elle a aussi de nombreux effets sur la santé. La recherche a établi un lien entre la solitude et les maladies du cœur, les accidents vasculaires cérébraux, l’hypertension artérielle, les douleurs chroniques et l’obésité, ainsi que des comportements nocifs tels que le tabagisme et la consommation problématique de substances. Les personnes solitaires présentent un risque plus élevé de dépression, d’anxiété et même de pensées suicidaires. Avec le temps, la solitude peut également affecter les fonctions cognitives, doublant ainsi le risque de démence.

Des moyens simples pour aider quelqu’un à se sentir moins seule

« Vous pouvez avoir une relation superficielle avec un voisin où vous ne faites que dire bonjour de temps en temps, par exemple, mais il y a quelque chose de très différent dans le fait de l’aider à pelleter l’allée en hiver », dit-elle.

L’élargissement du cercle social peut être un moyen efficace de créer des liens. Si vous prévoyez un échange de biscuits de Noël ou une réunion pour les Fêtes, pensez à inviter quelqu’un de nouveau – par exemple ce voisin que vous ne connaissez pas bien.

Si ce voisin a été difficile à côtoyer dans le passé, Mme Holmes encourage à pratiquer l’acceptation inconditionnelle des autres, en accueillant les gens tels qu’ils sont, sans jugement ni attente. Même si cela peut sembler difficile, les Fêtes sont l’occasion de cultiver l’empathie et la compréhension.

Comprendre et surmonter la solitude

Éprouver de la solitude n’est pas la même chose que d’être seul. La solitude se caractérise par un sentiment de tristesse ou de détresse résultant d’un manque perçu de liens sociaux ou de relations significatives. Toutefois, Mme Holmes estime qu’il y a une distinction à faire entre les proches qui nous manquent et se sentir seul.

« Vous pouvez être loin de votre famille pendant les Fêtes, mais si vous avez un lien fort avec elle, elle peut vous manquer sans que vous vous sentiez réellement seul », explique Mme Holmes, qui ajoute que la distinction peut sembler insignifiante, mais qu’il peut être réconfortant de nommer le sentiment éprouvé et de reconnaître la différence entre ces deux émotions.

Mme Holmes estime aussi qu’il est nécessaire de poursuivre les recherches sur les concepts de solitude fonctionnelle et dysfonctionnelle. Tout comme il existe de bonnes formes de stress – le genre de stress qui pousse les étudiants à réviser leurs examens – la solitude pourrait permettre aux gens de prendre des mesures pour établir les liens dont ils ont vraiment besoin.

Lorsque des clients expriment un sentiment de solitude, les cliniciens comme Mme Holmes les aident à trouver des moyens significatifs d’entrer en contact avec les autres. Parfois, pour trouver ce lien, il faut sortir de sa zone de confort. Ce n’est pas toujours facile.

« Il s’agit avant tout d’être vulnérable, c’est la base de tout », explique Mme Holmes. « Pour éprouver un attachement sain, il faut être vulnérable. Que ce soit tomber amoureux, être vulnérable avec sa famille, accepter sa famille – et s’accepter soi-même. En fait, l’acceptation est essentielle. »

Voici quelques idées pour lutter contre la solitude :

  • Organisez une petite réunion entre voisins pour mieux les connaître.
  • Cherchez des occasions de faire du bénévolat. « Lorsque nous donnons aux autres, nous nous donnons en même temps à nous-mêmes », ajoute Mme Holmes.
  • Prenez contact avec un ami à qui vous n’avez pas parlé depuis longtemps. Un petit bonjour ou une rencontre autour d’un café peut faire beaucoup de bien. Si le mois de décembre vous semble trop chargé, planifiez quelque chose pour janvier – cela vous donnera à tous les deux quelque chose à attendre avec impatience.

Les aidants et la solitude                                                 

Les aidants font souvent l’expérience d’une forme particulière de solitude. Mme Holmes et ses collègues du Programme de gérontopsychiatrie du Royal abordent régulièrement la question de l’épuisement des aidants, qui est étroitement liée à la solitude. Un aidant qui s’occupe d’un parent ou d’un conjoint vieillissant atteint de démence, par exemple, peut se sentir seul malgré la présence physique de son proche. Le stress et les besoins personnels non satisfaits peuvent rendre cette solitude d’autant plus profonde.

Pour y remédier, Mme Holmes recommande aux aidants de réfléchir à ce qu’ils peuvent faire pour « remplir leur coupe » métaphorique : Que ferais-je si je n’avais pas ce rôle d’aidant? Il peut s’agir de participer à un club de lecture, de partager une histoire autour d’une tasse de café ou de redécouvrir d’autres passe-temps sociaux qui leur apportaient de la joie auparavant. L’identification et la hiérarchisation de ces besoins – et de nombreux autres – permettent d’améliorer la qualité de vie des aidants.

Transformer la solitude

Fred est un ancien client du Programme de gérontopsychiatrie qui avait été hospitalisé à la suite d’une grave rechute de sa maladie mentale. Pendant que Fred se rétablissait, les membres du personnel ont appris qu’il était un grand joueur de bridge dans sa jeunesse.

Étant veuf et ayant des enfants désormais adultes qui vivaient à l’extérieur de la ville, Fred a fini par redécouvrir son amour du bridge et a créé deux groupes de bridge, l’un dans sa maison de retraite et l’autre dans le centre communautaire de son quartier. Il s’est non seulement attaqué de front à sa solitude, mais il a aussi aidé d’autres à faire de même.

« L’histoire de Fred nous rappelle que même de petits pas vers une activité que l’on aime peuvent ouvrir la voie à des relations significatives », indique Mme Holmes. « Les liens que nous nouons avec les autres, peu importe où et comment ils commencent, ont le pouvoir de transformer notre vie. »

N’oubliez pas que vous n’êtes pas seul

La Ligne d’aide 9-8-8 est disponible dans tout le Canada, 24 heures sur 24, chaque jour de l’année. Cette ligne d’aide à trois chiffres offre un soutien urgent et en direct par téléphone et par texto. Le 9-8-8 s’adresse à toute personne qui pense au suicide ou qui s’inquiète pour une personne qu’elle connaît. Des intervenants formés répondent aux appels et aux SMS et écoutent sans porter de jugement tout en apportant leur soutien. Appelez ou envoyez un texto au 9-8-8 à tout moment pour obtenir un soutien, en anglais ou en français. Pour obtenir plus d’informations, visitez le site 988.ca/fr.