Commémoration du député « oublié » parce qu’il s’était suicidé

Vers la fin de l’année, le Royal accueillera une plaque honorant la mémoire du lieutenant-colonel Samuel Sharpe. Le Royal la conservera pendant une dizaine d’années, jusqu’à la fin des rénovations de l’Édifice du Centre de la Colline du Parlement. Le Royal entretient des liens très étroits avec les Forces armées canadiennes et les anciens combattants : il répond notamment à leurs besoins en matière de santé mentale dans sa clinique pour traumatismes liés au stress opérationnel (TSO) et joue un rôle clé dans la création prochaine du Centre d’excellence sur le TSPT et les états de santé mentale connexes.

Sharpe est l’un des deux députés de la Chambre des communes à avoir perdu la vie durant la Première Guerre mondiale. Le lieutenant-colonel Georges Baker est tombé à la bataille du mont Sorrel en 1916. Sharpe s’est quant à lui donné la mort en 1918, après avoir servi comme chef de bataillon dans l’une des batailles les plus meurtrières de la Première Guerre mondiale. Alors qu’une statue à la mémoire de Baker a été dressée dans l’Édifice du Centre sur la Colline du Parlement en 1924, la contribution du lieutenant-colonel Sharpe vient seulement d’être reconnue, ce qui témoigne du changement dans la façon dont les maladies mentales sont aujourd’hui perçues, notamment dans les Forces armées.

« La reconnaissance de Sam Sharpe est une reconnaissance, par le gouvernement canadien, du caractère exceptionnel du service, du dévouement et des sacrifices des anciens combattants et des membres des Forces armées canadiennes : des sacrifices physiques, mais aussi souvent mentaux. Cette reconnaissance importe beaucoup aux patients que nous accueillons à la clinique TSO du Royal », déclare le Dr Raj Bhatla, psychiatre en chef et chef du personnel du Royal et psychiatre à la clinique TSO.

« Nous en savons davantage à présent sur les maladies mentales, dans le monde médical tout comme dans notre société en général. Aujourd’hui, les personnes souffrant de traumatismes liés au stress opérationnel peuvent recevoir de l’aide adaptée et efficace – aide à laquelle n’avait pas accès Sam Sharpe. Que la contribution de Sam Sharpe soit honorée au Royal est significative en ce qu’elle rappellera à nos patients que le travail qu’ils ont accompli compte, qu’eux aussi comptent et qu’ils méritent que nous leur offrions notre soutien et les aidions à guérir. »

Sharpe devint membre du Parlement en 1909 et servit le pays jusqu’à sa mort en 1918. En 1915, il forma le 116e bataillon du Corps expéditionnaire canadien, s’occupant lui-même de la majorité des recrutements. Il en assura ensuite le commandement, conduisant ses troupes dans certaines des batailles les plus difficiles de la Guerre, notamment celles de la crête de Vimy et de Passchendaele, ce qui lui valut l’Ordre du service distingué pour sa bravoure.

« Que la contribution de Sam Sharpe soit honorée au Royal est significative en ce qu’elle rappellera à nos patients que le travail qu’ils ont accompli compte, qu’eux aussi comptent et qu’ils méritent que nous leur offrions notre soutien et les aidions à guérir. » Il servit avec courage, mais les témoignages de son entourage et les lettres qu’il écrivait indiquent que sa santé mentale se détériorait. C’est de sa ville natale de Uxbridge (Ontario) et de ses environs qu’il avait personnellement recruté un grand nombre de jeunes gens qui se trouvaient sous son commandement; il disait se sentir profondément responsable de leur sort. Les pertes étaient élevées, et les conditions de vie, misérables. À Passchendaele, plus de 16 000 Canadiens furent tués ou blessés; parmi les morts figurait l’un de ses plus proches amis.

Au début de 1918, Sharpe fut hospitalisé en Europe pour un « choc nerveux ». Quand il rentra au pays, il fut hospitalisé à l’hôpital Royal Victoria, à Montréal, où il mit fin à ses jours quelques jours plus tard.

La clinique TSO du Royal fait partie d’un réseau de cliniques financées par Anciens Combattants Canada pour offrir des soins de santé mentale aux personnes qui, en lien avec leur service, ont développé des troubles ou maladies tels que le trouble de stress posttraumatique, la dépression ou la consommation abusive d’alcool ou de drogues. Le Royal a ouvert sa première clinique TSO à Ottawa en 2008. Depuis, la clinique s’est agrandie, a ouvert des satellites à Arnprior et Kingston, et a mis sur pied un programme de télémédecine couvrant l’Est de l’Ontario et le Nord du Québec. Le taux de satisfaction des patients est de 98 %.