Dans les premiers jours de la pandémie, des collègues de la Dre Melissa Bolton, psychologue clinicienne au Centre de santé mentale de Brockville, se sont tournés vers elle pour lui demander conseil. Ils voulaient savoir comment reconnaître les signes d’épuisement professionnel, comment prendre soin de soi pendant une période aussi difficile et quels types de soutien en santé mentale étaient disponibles.
La pandémie s’est poursuivie, et d’autres collègues ont fait appel à la Dre Bolton avec des questions et des préoccupations similaires. En réponse à ce besoin croissant, elle a élaboré un atelier portant sur la fatigue de compassion, auquel ont participé plus de 90 professionnels de la santé du Royal et qui sera offert à l’ensemble de l’organisation sous forme de présentation virtuelle à l’automne 2022.
a fatigue de compassion désigne les émotions négatives que l’on peut ressentir en soignant ou aidant d’autres personnes. La Dre Bolton indique que ce type de fatigue est souvent désigné comme « le coût potentiel de la bienveillance ».
« Nous traitons et travaillons avec des personnes qui vivent une détresse émotionnelle et une douleur extrêmes », dit-elle. « Ces personnes ont aussi de lourdes responsabilités qui pèsent sur leurs épaules, ce qui pourrait entraîner une fatigue de compassion. »
La Dre Bolton ajoute que, comme pour de nombreuses autres professions d’aide, les professionnels de la santé font essentiellement une carrière qui les oblige à donner beaucoup d’eux-mêmes, de leur temps et de leur énergie.
« Lorsque nous choisissons ces métiers, nous sommes en fait l’outil principal avec lequel nous travaillons », explique-t-elle. « Il faut s’assurer d’être soi-même très solide pour être au service des autres. »
La fatigue de compassion peut être un aspect de l’épuisement professionnel, un état qui se caractérise par l’épuisement émotionnel, l’indifférence et une diminution du sentiment d’accomplissement personnel. L’épuisement professionnel a de fortes incidences sur la personne qui en souffre, mais il est aussi lié à la diminution de la satisfaction et de la sécurité des clients. Il peut avoir d’énormes répercussions sur les organismes de soins de santé, le système de soins de santé et même l’économie.
Malheureusement, la pandémie n’a fait qu’accroître le stress et la fatigue que subissaient déjà les fournisseurs de soins de santé.
« Ce sentiment d’impuissance nous est tout à fait inconnu », souligne la Dre Bolton. « Nous vivons un épuisement collectif, et cela pèse sur les fournisseurs de soins de santé. Nous faisons de notre mieux pour maintenir la même continuité des soins, le même niveau de soins, et je pense que, plus que jamais, nous devons faire preuve d’une plus grande empathie envers nous-mêmes, envers nos collègues, et envers le fait que nous faisons tous de notre mieux pour traverser cette période difficile. »
La fatigue de compassion peut être un aspect de l’épuisement professionnel, un état qui se caractérise par l’épuisement émotionnel, l’indifférence et une diminution du sentiment d’accomplissement personnel.
À l’origine, l’atelier de la Dre Bolton a été conçu pour les membres du personnel infirmier en première ligne afin de les aider à identifier la fatigue de compassion, de leur fournir un espace sûr pour parler de leurs expériences, ainsi que de leur transmettre des outils et des ressources.
Les ateliers étaient d’abord de petite taille, avec des groupes de seulement quatre ou cinq personnes, puis ils se sont transformés en présentations devant des groupes plus importants comprenant non seulement du personnel infirmier, mais aussi des travailleurs sociaux, des ergothérapeutes, des membres des équipes de soins ambulatoires, des récréologues et des membres des équipes de direction.
La Dre Bolton a également rédigé un manuel à l’intention du personnel pour l’aider à veiller à son propre mieux-être, qui contient des stratégies pratiques ainsi que des stratégies cognitives pour favoriser la santé mentale.
Elle estime qu’il est urgent de parler de la fatigue de compassion et de l’épuisement professionnel, et qu’il vaut mieux le faire en début de carrière. C’est pourquoi elle offre maintenant ses ateliers à tous les nouveaux membres du personnel infirmier et de l’équipe paramédicale, ainsi qu’aux nouveaux étudiants.
« La recherche a montré que si nous avons ces discussions et effectuons cette sensibilisation avant que les gens entrent dans ce domaine, cela peut créer un sentiment de résistance psychologique et les rendre plus résilients; c’est une protection qui prévient ce type de problèmes », explique la Dre Bolton.
En plus de présenter ses ateliers, la Dre Bolton est toujours prête à mettre les autres membres du personnel en contact avec les ressources existantes et à leur fournir un soutien.
« Nous devons nous assurer que la bienveillance est le moteur de tout ce que nous faisons, car nous sommes tous dans la même situation. Nous devons nous traiter nous-mêmes, ainsi que les autres, avec bienveillance. »